Des mots et des dictionnaires
Libre, l’entrée des dictionnaires ? Pas vraiment ! Chaque maison a son purgatoire, baptisé « base de néologie ». Les mots y font un séjour plus ou moins prolongé avant de gagner leur petit coin de paradis ou d’agoniser lentement et de mourir dans l’anonymat le plus complet. On y décortique méticuleusement la presse écrite. Tout nouveau vocable est noté, avec les précautions d’usage. Le néologisme est, en effet, devenu une sorte de marque de fabrique pour certains titres comme Libération.
La presse n’est pas la seule prescriptrice. Autre source à laquelle puisent abondamment
les traqueurs de néologismes : les catalogues de vente par correspondance. Pour leurs rédacteurs, le mot à consonance scientifique est une arme de marketing. De même que pour les publicitaires. Les « enzymes gloutons » d’une marque de lessive planent encore dans notre mémoire collective. « Le dictionnaire doit aussi amener des réponses à des questions pratiques et quotidiennes, explique Yves Garnier (directeur du département
Encyclopédies chez Larousse). Prenez par exemple le vocable « pyrolyse ». Pendant très longtemps, seuls les scientifiques connaissaient le principe qu’il définit. Dès lors que l’on invente le four à pyrolyse, le grand public doit comprendre ce que ce mot recouvre. »
Le glossaire des nouvelles technologies serait-il donc un grand prédateur de vocables
anciens ? « Non, répond Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale aux éditions Le Robert. Car elles procèdent beaucoup par métaphores. L’avion le plus moderne a toujours des « ailes » et un « nez ».
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