Côte d’Ivoire : confusion autour des listes du PDCI et du RHDP aux élections locales
La publication des listes de candidats aux élections locales du PDCI et du RHDP a étalé au grand jour la confusion qui règne au sein des directions des principaux partis ivoiriens.
Élections locales en Côte d’Ivoire : test grandeur nature
Les résultats des élections locales du 13 octobre établiront l’influence réelle des différentes forces politiques, à deux ans d’une présidentielle décisive.
Ce week-end a été riche en rebondissements. C’est le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui a ouvert le bal des publications de ses listes aux élections municipales et régionales du 13 octobre prochain.
Samedi 18 août, le parti d’Henri Konan Bédié qui a récemment rompu son alliance avec le président Alassane Ouattara a publié ses listes de 126 candidats aux municipales et 21 candidats aux régionales.
Fuite
Première forme de confusion : Le Nouveau Réveil, quotidien proche du PDCI avait, deux jours auparavant, publié une liste différente dans ses colonnes. Une fuite qui, au sein du PDCI, est une vieille pratique. Mais le même jour, Samy Merhy, maire sortant de Lakota (Centre-Ouest) élu sous la bannière du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) et non investi par celui-ci, a démenti être l’un des candidats parrainés par Bédié alors qu’il figurait sur la liste publiée par Le Nouveau Réveil.
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Du côté du Plateau (commune d’Abidjan), Fabrice Sawegnon, qui s’était jusque-là présenté comme un candidat indépendant et n’ayant pas fait acte de candidature pour être parrainé par le RDR, se proclamait candidat du RHDP, sans attendre de lettre d’investiture et alors que le consensus s’était dégagé autour de Ouattara Dramane, candidat à la candidature du RDR.
Précipitation
La deuxième forme de confusion est, quant à elle, intervenue suite à la publication des listes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle). Preuve qu’au sein de la mouvance présidentielle les choses se sont, aussi, faites dans la précipitation, les rédactions ont reçu tour à tour trois moutures différentes de listes au cours de la seule soirée du dimanche 26 août.
À la suite de la publication de la deuxième mouture, le PDCI est monté au créneau, à travers un communiqué laconique signé de son secrétaire exécutif en chef, Maurice Kakou Guikahué : « Des cadres du PDCI, candidats aux municipales et aux régionales figurent également sur la liste RHDP. Ils sont au nombre de 18. Afin d’avoir une idée claire sur leur position, le président du PDCI, Henri Konan Bédié, convoque ce lundi [27 août] ces candidats à double casquette. »
Le RHDP va parrainer 29 candidats aux Conseils régionaux – contre 21 pour le PDCI – sur les 31 que compte le pays
Conséquence : le RHDP a rendu publique, tard dans la nuit, une troisième mouture où ne figurait plus deux personnalités issues du PDCI, dont le ministre Pascal Kouakou Abinan.
En définitive, le RHDP va parrainer 29 candidats aux Conseils régionaux – contre 21 pour le PDCI – sur les 31 que compte le pays. Abinan, président du conseil régional sortant, élu en 2013, sous la bannière du PDCI, pourrait donc y aller en tant que candidat indépendant.
Quant aux ministres Jean Claude Kouassi (Centre) et Kobenan Kouassi Adjoumani (Nord-Est), tous issus du PDCI, ils représenteront le RHDP. De leur côté, les ministres Alain Richard Donwahi, Aka Aouélé et Patrick Achi, parrainés par le PDCI et présentés comme candidats du RHDP, devront clarifier leurs positions.
Ce sont les conséquences des errements politiques de cette classe dirigeante qui régente la vie politique depuis des décennies
Tous ces rebondissements auront sans nul doute contribué à renforcer l’image, au sein des jeunes générations, d’une classe politique aux méthodes jugées archaïques.
« Ce sont les conséquences des errements politiques de cette classe dirigeante qui régente la vie politique depuis des décennies. Des amalgames entre la chose publique et le besoin alimentaire de ces leaders ivoiriens qui donnent très peu l’exemple car ils gèrent leurs partis comme une affaire familiale où un clan prend les décisions pour tous et applicables à tous », commente Innocent Gnelbin, analyste politique et ex-président de Initiative ivoirienne pour la démocratie et le développement (2IDé, mouvement de la société civile).
Confusion
À trois jours de la date butoir du dépôt des candidatures, la même confusion règne au sein de l’opposition. Disposé à participer aux élections, en dépit de la configuration actuelle de la Commission électorale indépendante (CEI) appelée à être réformée, Pascal Affi N’Guessan du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo) n’a pas encore rendu publique la liste de ceux qu’il compte parrainer.
Aboudramane Sangaré, son grand rival au sein du parti – qui avait jusque-là appelé à boycotter tous les scrutins passés -, semble pour sa part miser sur un hypothétique report des élections.
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