Nigeria : immigration, Brexit et sécurité au menu de la visite de Theresa May

Lors de sa deuxième étape africaine au Nigeria, la Première ministre britannique a signé plusieurs accords bilatéraux concernant la lutte contre l’immigration illégale, la sécurité et notamment contre le groupe jihadiste Boko Haram. Theresa May a également signé un accord commercial, pour compenser les pertes économiques attendues du Brexit.

La Première ministre Theresa May avec son homologue nigérian Muhammadu Buhari, à Abuja, le 29 août 2018. © Sunday Aghaeze/AP/SIPA

La Première ministre Theresa May avec son homologue nigérian Muhammadu Buhari, à Abuja, le 29 août 2018. © Sunday Aghaeze/AP/SIPA

Publié le 30 août 2018 Lecture : 3 minutes.

La Première ministre a rencontré à Abuja son homologue nigérian Muhammadu Buhari. Lequel lui a assuré que les prochaines élections générales, prévues en février 2019 seraient « libres, transparentes et crédibles ».

Les deux dirigeants n’ont fait aucune déclaration à la presse, et l’accès aux journalistes a été particulièrement restreint. Un communiqué de la présidence nigériane a néanmoins fait savoir que Theresa May avait insisté sur la « coopération de sécurité et de défense pour faire face au problème de Boko Haram et du groupe de l’État islamique en Afrique de l’Ouest ».

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« Je suis très reconnaissant au gouvernement britannique, pour son aide à maintenir la sécurité (au Nigeria), et particulièrement leur équipe de formation en place à Kaduna », dans le nord du pays, a noté le président Buhari, qui avait fait de la lutte contre l’insurrection de Boko Haram la priorité de son mandat.

Une formation militaire pour l’armée nigériane

Theresa May et Muhammadu Buhari ont signé un accord prévoyant « non seulement une formation militaire (pour l’armée nigériane), mais aussi un soutien pour le respect des droits de l’Homme, et une coopération étroite entre nos deux pays », a expliqué le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama à la presse.

Au menu également des discussions : les accords commerciaux, qui font figure de priorité du côté des Britanniques « dans le contexte du Brexit, alors que la Grande-Bretagne sort de l’Union européenne », a rappelé le ministre nigérian.

« Ils (les Britanniques) se sentent plus libres désormais de s’engager avec des pays à un niveau bilatéral et de sceller des accords commerciaux avec eux », a souligné Geoffrey Onyeama, sans dévoiler le montant de l’enveloppe d’investissements prévus au Nigeria.

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27 hommes d’affaires dans la délégation britannique

Theresa May, qui prépare la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, doit trouver de nouveaux alliés économiques et renégocier les accords commerciaux hors UE. Pour cette tournée africaine, elle est accompagnée de 27 hommes d’affaires, dont plus de la moitié dirigent des petites et moyennes entreprises.

Mardi, lors d’une première étape en Afrique du Sud, la Première ministre a annoncé vouloir fonder « un nouveau partenariat » avec l’Afrique et devenir le premier investisseur occidental sur ce continent où aucun dirigeant britannique ne s’était rendu depuis 2013.

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« Les échanges commerciaux entre le Nigeria et la Grande-Bretagne s’élevaient à 4,2 milliards de livres (4,6 milliards d’euros) en 2017 », notait lundi une diplomate, Laure Beaufils, au consulat de Lagos lors d’une conférence de presse.

« Nous projetons de doubler ce chiffre d’ici à 2030 », a indiqué Laure Beaufils. La Chine, avec près de 7 milliards de dollars d’échanges commerciaux, est actuellement le premier partenaire du Nigeria, marché géant de 180 millions d’habitants et première puissance pétrolière du continent.

La lutte contre l’immigration illégale

Autre priorité de cette visite : la lutte contre l’immigration illégale. Toujours citée dans le communiqué de la présidence nigériane, Theresa May a invité Muhmmadu Buhari a « profité de sa position à la tête de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour maintenir la question de la traite humaine au premier plan dans la sous-région ».

À Lagos, mégalopole économique de 20 millions d’habitants, où la première ministre s’est rendue dans l’après-midi, elle a dévoilé un plan de soutien contre « l’esclavage moderne », et veut se placer comme « leader mondial de la lutte contre ce crime ».

« Aujourd’hui, nous accélérons notre partenariat avec les autorités nigérianes pour trouver les trafiquants et les amener devant la justice », a-t-elle ajouté, dans un communiqué du Commonwealth.

Une dernière étape au Kenya

Cette aide, qui s’élève à 10,5 millions de livres, devra aider à la lutte contre le trafic de drogue, les trafic des êtres humains et rapatrier 1 700 ressortissants nigérians bloqués en Libye sur leur chemin vers l’Europe : une goutte d’eau par rapport aux 36 000 Nigérians bloqués en Libye et au Niger (chiffres OIM).

En 2017, 18 000 Nigérians étaient arrivés sur les côtes italiennes, selon les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), un chiffre en forte baisse pour les six premiers mois de l’année 2018.

Theresa May doit également se rendre au Kenya, autre pays du Commonwealth, après l’Afrique du Sud et le Nigeria, pour la dernière étape de sa tournée. Ce sera la première fois depuis 30 ans qu’un Premier ministre britannique se rend dans cette ancienne colonie.

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