Nigeria : MTN sommé de rapatrier 8,13 milliards de dollars « sortis illégalement du pays »
Nouveau coup dur pour l’opérateur sud-africain. La Banque centrale du Nigeria reproche à MTN d’avoir rapatrié « illégalement » 8,13 milliards de dollars avec l’aide de quatre institutions bancaires entre 2007 et 2015, et demande le retour « immédiat » de la somme dans ses coffres. Le groupe réfute ces allégations.
La Banque centrale du Nigeria (CBN) a condamné le 29 août quatre banques à une amende d’un montant total de 5,86 milliards de nairas (13,8 millions d’euros) pour avoir « enfreint la réglementation nigériane sur le change ». La pénalité est de 2,4 milliards de nairas pour Standard Chartered, 1,8 milliard pour Stanbic IBTC, 1,2 milliard pour Citibank et 250 millions pour Diamond Bank.
L’institution a également demandé le remboursement par MTN de 8,13 milliards de dollars (6,96 milliards d’euros) à la Banque centrale, « illégalement rapatriés sur la base de certificats d’importation de capitaux illégalement émis », note la lettre de la CBN envoyée à l’opérateur sud-africain. Si cette somme ne revient pas dans ses coffres, la Banque centrale menace, entre autres sanctions, de couper à MTN l’accès au marché des changes.
Les faits litigieux remontent à 2007. Cette année-là, le document de la Banque centrale explique que MTN a converti des prêts des actionnaires en capitaux propres sans obtenir l’approbation finale de la CBN. Un accord « de principe » avait été obtenu. En contrepartie de cet investissement, 8,13 milliards de dollars de dividendes « ont été illégalement rapatriés [vers l’Afrique du Sud] au nom de votre entreprise [MTN] par les banques susmentionnées entre 2007 et 2015 ».
MTN Nigeria réfute
L’opérateur sud-africain n’a pas tardé à réagir. « MTN Nigeria réfute fermement ces allégations et requêtes. Aucun dividende n’a été déclaré ou payé par MTN Nigeria autrement qu’en vertu de certificats d’importation de capitaux émis par nos banques et avec l’approbation de la CBN comme l’exige la loi », souligne son communiqué.
« En septembre 2016, le Sénat a mandaté le Comité des banques, assurances et autres institutions financières pour mener une enquête holistique sur le respect de la loi sur les changes (surveillance et autres) par MTN et autres. Selon les conclusions de son rapport, rendu public en novembre 2017, MTN Nigeria n’a pas comploté pour contrevenir aux lois sur les changes et aucune recommandation négative n’a été faite contre MTN Nigeria », indique la firme transnationale.
« La réémergence de ces problèmes est regrettable car elle nuit à la confiance des investisseurs et, par extension, inhibe la croissance et le développement de l’économie nigériane » conclut le 1er opérateur mobile nigérian, qui dispose d’une part de marché de 40,5 %.
Le cours décroche de 23 % à Johannesburg
Les marchés n’ont pas tardé à réagir. Selon Reuters, le cours de l’action MTN à la bourse de Johannesburg a chuté de 23 % le 30 août au matin, atteignant son niveau le plus bas depuis neuf ans.
L’ordre de remboursement, équivalent à plus de la moitié de sa capitalisation boursière, a ravivé un différend de longue date au Nigeria, son premier marché en termes d’abonnés, où résident 24,1 % de ses 217,2 millions de clients, d’après le rapport annuel 2017 de l’entreprise.
En octobre 2015, l’opérateur sud-africain s’était vu imposer une amende record de 5,2 milliards de dollars par le régulateur nigérian, accusé de ne pas avoir déconnecté à temps 5,2 millions de cartes SIM non identifiées. Cette pénalité avait été réduite à 1,7 milliard de dollars en juin 2016, à la condition d’introduire la société au Nigerian Stock Exchange – ce qui n’a pas été fait.
Une introduction en bourse en demi-teinte au Ghana
Cette nouvelle procédure intervient au plus mauvais moment pour le groupe sud-africain. Sa filiale ghanéenne a levé 1,1 milliard de cédis (196 millions d’euros) en vendant environ un tiers des actions que l’opérateur mobile a offert dans le cadre de son introduction au Ghana Stock Exchange, révèle Bloomberg.
Au total, MTN Ghana a vendu 1,5 million de titres sur les 4,6 millions d’actions mises en vente à 75 pesewas (0,75 cédis), qui représentent 35 % de son capital. Même si toutes les actions n’ont pas été vendues, cette introduction en bourse est la plus importante jamais réalisée dans le pays, supérieure de trois fois au montant levé par Agricultural Development Bank en décembre 2016, qui faisait jusqu’alors office de record.
Cette introduction en bourse faisait partie des conditions posées en 2015 par les autorités pour l’obtention par le groupe d’une licence 4G.
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