Madagascar : Serge Jovial Imbeh, le financier qui se voit président

Après avoir longtemps travaillé dans la finance, au Luxembourg, Serge Jovial Imbeh est de retour à Madagascar où il a présenté sa candidature à la présidentielle du 7 novembre prochain. Portrait de cet outsider, qui espère faire sa place entre Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina.

Serge Jovial Imbeh, candidat à la présidentielle 2018 à Madagascar. © DR

Serge Jovial Imbeh, candidat à la présidentielle 2018 à Madagascar. © DR

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Publié le 31 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Un agent de la Commission électorale, dans un bureau de vote d’Antananarivo, lors de la présidentielle de 2013 à Madagascar. © REUTERS/Thomas Mukoya
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Présidentielle à Madagascar : 36 prétendants pour le palais d’Iavoloha

L’élection présidentielle malgache du 7 novembre 2018 viendra clore une année au climat politique tendu. Sur la ligne de départ : 36 candidats, parmi lesquels les trois derniers chefs de l’État, dont le président sortant : Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Tous nos articles sur la campagne en vue de ravir le palais d’Iavoloha, siège de la présidence à Antananarivo.

Sommaire

Dans son arrêté du 22 août, la Haute cour constitutionnelle (HCC) a autorisé 36 candidats à participer aux élections présidentielles de cette fin d’année. Parmi l’actuel et d’anciens chefs de l’État, pléthore d’ex-Premier ministre, trois noms tranchent. Respectivement numéro 17, 24, et 26 dans l’ordre d’inscription des candidats sur les bulletins, Erick Francis Rajaonary, Fanirisoa Ernaivo et Serge Jovial Imbeh ne sortent pas du sérail politique en place depuis trente ans.

Le premier était président, jusqu’à la fin août, du FIVMPANA, l’une des principales organisations patronales malgaches. La deuxième préside le syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) et est aux avant-postes de la lutte contre la corruption, dans l’« affaire Claudine » notamment – du nom de Claudine Razaimamonjy, une conseillère du chef de l’État accusée de corruption -, comme de la contestation syndicale de ces derniers mois.

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Serge Jovial Imbeh, lui, vient du monde financier. Après ses études en France, il a longtemps travaillé sur la place luxembourgeoise. Avant de décider de « se rendre utile », à son pays, et de se lancer pour la première fois, à bientôt 41 ans (il les aura le 13 septembre), dans la course présidentielle.

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« Renouveau »

Parti en 2002 rejoindre la faculté à Limoges, il rentre aujourd’hui au pays comme professeur d’Économie. Pas pour donner un des cours magistraux qu’il dispense à l’université de Luxembourg, mais pour « développer et stabiliser le pays ». Rien à voir avec ses glorieux aînés, les anciens présidents, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, hommes d’affaires également avant de prendre en mains les destinées de leur pays.

Le patron du TIM « cite la bible plutôt que son programme », celui du MAPAR « promet mais ne donne aucun chiffre », résume celui qui se voit comme le candidat du « renouveau », en rupture avec un vieil ordre de plus en plus rejeté par la population, « qui a écrit l’histoire de Madagascar mais pas son futur ».

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Lui, tient la plume de son projet depuis 2004. Tout en travaillant pour plusieurs fonds d’investissements installés sur le deuxième marché boursier d’Europe, il sillonne le pays « pendant quatre ans », pour identifier les problématiques, sur lesquelles il travaille depuis avec une équipe d’experts internationaux.

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Énergie

Comme Andry, et son Initiative pour l’émergence de Madagascar (IEM), Serge Jovial a aussi signé « un protocole d’accord avec une grande société énergétique étrangère », pour l’aider à électrifier le pays. Mais lui assure disposer déjà des moyens pour financer son programme, ainsi que du calendrier pour sa mise en œuvre.

« Mon projet est prêt depuis 2015 », affirme le président de l’AFIMA (Garantie de développement des Malgaches), l’association créée dix ans plus tôt et qu’il vient de transformer en parti politique pour soutenir sa démarche.

Il aurait même collaboré pendant plusieurs mois, avec le président Hery Rajaonarimampianina, sur une vision commune, avant de renoncer fin 2016, faute de partager les mêmes vues en matière « de lutte contre la corruption ou de politique de décentralisation » avec le chef de l’État. Et puisqu’il n’entend pas jouer les faire valoir dans un gouvernement, il ne se voit que président, tout simplement.

Comme l’indique le nom de son mouvement, Serge Imbeh affirme être là pour apporter le développement à ses compatriotes « en pensant aux générations à venir ». Au contraire de tant de ses prédécesseurs, il l’assure : lui n’arrivera pas par accident jusqu’au palais d’Iavoloha, mais grâce à « un vrai projet de société » qu’il présente à chaque occasion offerte par les médias.

Peu connu du petit peuple malgache, ce natif de la capitale a fort à faire pour gagner en visibilité. C’est sur sa cassette personnelle, qu’il finance sa campagne à travers le pays. « Pas un district ne sera oublié », assure Serge Imbeh, pour qui s’est « une chance d’apparaître comme un homme neuf » dans son pays. A défaut d’en être l’homme providentiel le 19 décembre, au soir d’un deuxième tour où il lui sera difficile d’être qualifié.

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