Côte d’Ivoire – Alcide Djédjé : « Mon parti va intégrer le RHDP »
Ancien conseiller diplomatique puis ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé fait son retour en politique. Il annoncera officiellement le 4 septembre la création d’un nouveau parti politique, « Concorde », qui rejoindra le RHDP.
« Concorde », pour Congrès pour la consolidation de la République et le développement. C’est le nom du parti politique créée par Alcide Djédjé, dont il sera le président. Il aura pour secrétaire général Kouassi N’dri Ferdinand, plus connu sous le nom de Watchard Kédjébo, une figure de la galaxie patriotique qui fut le directeur de campagne de Laurent Gbagbo à Bouaké.
En mars 2017, après son échec aux législatives de décembre 2016, où il s’était présenté sous les couleurs du Front populaire ivoirien (FPI) tendance Pascal Affi N’Guessan, Alcide Djédjé a rejoint le cabinet de Marcel Amon Tanoh, le ministre des Affaires étrangères.
Ce diplomate de formation occupe le poste le directeur général des relations multilatérales, avec rang d’ambassadeur. Son nom fut évoqué pour succéder à Bernard Tanoh-Boutchoué, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire aux Nations unies décédé en avril. Il a accepté de répondre au questions de Jeune Afrique, quelques jours avant le lancement officiel de son parti, prévu le 4 septembre, et annonce son intention de rejoindre le parti unifié RHDP.
Jeune Afrique : Vous venez de créer votre parti politique. Quelles sont les raisons de votre démarche et quelles sont les ambitions de ce parti ?
Alcide Djédjé : Cela part d’une réflexion longuement mûrie. Dans les débats qu’on avait au sein du Front populaire ivoirien de Pascal Affi N’Guessan, j’avais parfois proposé la création d’une formation politique qui ratisse au-delà du FPI, mais j’ai été mis en minorité.
Pendant la crise post-électorale, j’avais une position très claire de conciliation. L’Union africaine (UA) avait fait des propositions de sortie de crise mais cette option n’a pas été acceptée par le FPI, ce qui a engendré la situation que l’on connaît. Dans tous mes lieux de détention, puis avec Affi, j’ai toujours prôné le rapprochement et le dialogue permanent avec le pouvoir.
Aujourd’hui que les prisonniers ont été libérés – je savais depuis février qu’il y aurait une amnistie en août, ayant toujours été intermédiaire -, je me suis dit que le moment était venu de passer à une autre étape. Nous sommes arrivés à un moment où les dissensions internes au RHDP montrent un tableau qui rappelle les ingrédients de la crise. Je parle beaucoup avec des amis diplomates. Cette ambiance les inquiète. Si la Côte d’Ivoire retombe, nous n’aurons pas la même mobilisation que par le passé. Il est nécessaire de fédérer toutes les forces pour endiguer cela.
Allez-vous intégrer le parti unifié RHDP ?
Oui, sur le principe. Mais les démarches se feront plus tard. J’appelle à une union sacrée qui aurait dû se faire depuis 2011. À partir de ce moment-là, il est logique que je sois le premier à m’unir à la coalition au pouvoir afin d’encourager les autres à me rejoindre. Effectivement, donc, je serai avec la majorité présidentielle dans la perspective de 2020.
Mais au sein du RHDP, les partis membres sont voués à être dissous…
Tous ceux qui sont au parti unifié conservent leur base. Chacun y amène son parti et son électorat. Le RHDP n’est pas un club de personnes.
Quelles personnalités vous accompagnent au sein de votre nouveau parti ?
La base de recrutement est en majorité constituée de membres de la galaxie patriotique, comme mon secrétaire général [Kouassi N’dri Ferdinand, plus connu sous le nom de Watchard Kédjébo, ndlr]. Il possède déjà une structure qui intègre le parti. Les autres personnalités seront dévoilées plus tard, lors d’un congrès constitutif.
Je ne vais jamais là où le vent m’amène. Je n’ai pas changé d’attitude depuis la crise
Allez-vous conserver votre poste au ministère des Affaires étrangères ?
Je n’en sais rien.
Certains estiment que vous êtes instrumentalisé par le pouvoir…
Je ne vais jamais là où le vent m’amène. Je n’ai pas changé d’attitude depuis la crise, j’ai toujours été dans cette posture, droit dans mes bottes. Il faut arrêter tout ça et se rassembler.
Pourquoi vous êtes-vous éloigné de Pascal Affi N’Guessan ?
Dans un parti, tout le monde ne peut pas aller au même rythme. Au FPI, j’avais demandé qu’on se rapproche plus rapidement du pouvoir. Je n’étais pas en accord avec ceux qui voulaient en découdre. Ma position n’était pas majoritaire.
Personne n’aurait dû aller en prison. C’est d’ailleurs l’esprit de cette loi d’amnistie, car elle efface toutes les condamnations
Quel regard portez-vous sur son positionnement actuel, notamment le rapprochement avec le PDCI ?
Chacun sa conception et sa lecture de la situation. À titre personnel, j’estime qu’il faut faire la promotion des affinités plutôt que d’insister sur les divisions.
Après l’amnistie en Côte d’Ivoire, êtes-vous favorable à une libération de Laurent Gbagbo, en procès à la CPI ?
Bien sûr. Dès le départ personne n’aurait dû aller en prison. C’est d’ailleurs l’esprit de cette loi d’amnistie, car elle efface toutes les condamnations.
Elle efface les condamnations, mais pas celle de Laurent Gbagbo…
C’est la situation maintenant, mais pourquoi cela ne pourrait pas évoluer ? Attendez de voir, je suis très optimiste.
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