[Tribune] Pourquoi le Maghreb réforme à reculons

En cette semaine de rentrée et au sortir d’une actualité maghrébine brûlante, un retour dépassionné sur quelques faits marquants peut se révéler plein d’enseignements. Ils sont autant d’indices des clivages entre deux sociétés qui ont du mal à cohabiter.

Des Tunisiennes tiennent une pancarte lors d’une manifestation pour demander l’égalité entre hommes et femmes à Tunis (Tunisie), le 10 mars 2018 (image d’illustration). © Hassene Dridi/STR/AP/SIPA

Des Tunisiennes tiennent une pancarte lors d’une manifestation pour demander l’égalité entre hommes et femmes à Tunis (Tunisie), le 10 mars 2018 (image d’illustration). © Hassene Dridi/STR/AP/SIPA

Mohamed Tozy
  • Mohamed Tozy

    Professeur à Sciences Po Aix-en-Provence, auteur de « Monarchie et islam politique au Maroc », « L’État d’injustice au Maghreb » et « Tisser le temps politique au Maroc » (co-écrit avec Béatrice Hibou).

Publié le 7 septembre 2018 Lecture : 4 minutes.

En Algérie, la nouvelle loi sur la santé publiée le 14 août au Journal officiel et qui autorise, sous conditions, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est loin d’être aussi révolutionnaire qu’on le croit. Son article 77 stipule qu’il est permis d’y recourir lorsque « la santé de la mère […], sa vie ou son équilibre psychologique et mental » sont en danger.

En introduisant la notion de risque sur l’équilibre psychologique de la mère, la loi laisse la main aux techniciens de la santé et aux juges qui devraient, en fonction de leurs convictions et de leur appréciation des rapports de force sociaux, décider de la signification de l’équilibre psychologique. L’IVG, en dehors des circonstances précises énumérées par la loi, continue d’être punie, comme le prévoient les articles 304 à 313 du code pénal algérien.

Cette avancée traduit un compromis minimaliste, le même que le Maroc prévoit de faire aboutir par un projet de loi adopté en Conseil de gouvernement le 9 juin 2016, toujours en souffrance devant le Parlement.

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