Katsav aux abois

Publié le 29 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Moshe Katsav (61 ans) était déjà un président en sursis. Désormais, il est carrément entre parenthèses. Informé par le procureur Menahem Mazouz de sa prochaine inculpation pour viol, agression sexuelle et abus de pouvoir, le chef de l’État israélien a demandé à la Knesset de le suspendre temporairement de ses fonctions. Un congé exceptionnel d’une durée maximale de trois mois pendant lequel son intérim sera assuré par la présidente du Parlement, Dalia Itzik. Katsav, dont le mandat expire au mois de juillet, espère ainsi gagner un peu temps, mais son affaire paraît bien mal engagée : un de ses derniers soutiens, le Premier ministre Ehoud Olmert, vient à son tour de le lâcher.
Selon toute vraisemblance, il sera contraint de démissionner dès réception de l’acte d’accusation, comme il s’y était engagé en octobre 2006, lors du déclenchement du scandale. Dans le cas contraire, il s’exposerait à une infamante destitution. La fonction présidentielle est, en Israël, essentiellement honorifique : c’est le Premier ministre qui exerce la réalité du pouvoir. Mais le président, qui est élu par le Parlement, est une autorité morale incarnant l’unité de la nation. Il se doit d’être irréprochable. En juin 2000, Ezer Weizman, soupçonné de fraude fiscale, avait été poussé à la démission. Contre toute attente, Katsav lui avait succédé. Originaire d’Iran, ce likoudnik au physique de séducteur, plusieurs fois membre du gouvernement mais jamais dans un ministère prestigieux, avait été préféré au vieux chef travailliste Shimon Pérès.
Une dizaine de ses anciennes collaboratrices ont porté plainte contre lui pour harcèlement sexuel, chantage à l’emploi et viol. Fâcheux pour un respectable père de famille (il a cinq enfants) ! Il risque entre trois et seize ans de prison. Imprégnée de culture guerrière, la société israélienne reste très machiste et a longtemps fait preuve d’indulgence envers les écarts de ses généraux et de ses hommes politiques. Mais les mentalités évoluent peu à peu. En août 2005, par exemple, Haim Ramon a été convaincu de harcèlement sexuel et a été contraint d’abandonner ses fonctions de ministre de la Justice.
Reste que l’affaire Katsav tombe on ne peut plus mal. Encore traumatisés par les ratés de la guerre contre le Hezbollah libanais, les Israéliens n’ont plus confiance dans leurs dirigeants, qu’ils jugent opportunistes et corrompus. Ce populisme fait évidemment le jeu de l’extrême droite religieuse. Éclaboussé par un scandale de corruption, le Premier ministre est au plus bas dans les sondages (23 % de satisfaits), Avraham Hirson, son ministre des Finances, est soupçonné de détournement de fonds, et Dan Haloutz, le patron de Tsahal, vient de démissionner. Demain, ce sera probablement au tour de Katsav
Pour le remplacer, les noms les plus fréquemment cités sont ceux de l’insubmersible Shimon Pérès (82 ans), de la travailliste Colette Avital, de l’ex-grand rabbin Meir Lau et du député likoudnik Réuven Rivlin. En revanche, la candidature d’Élie Wiesel, Prix Nobel de la paix 1983, n’est apparemment plus d’actualité.

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