Au cur de Yopougon

Avec ce nouvel album, Marguerite Abouet raconte la suite des aventures de sa jeune héroïne abidjanaise.

Publié le 29 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Aya est une jeune fille ambitieuse. Elle rêve de poursuivre des études de médecine quand ses copines sont occupées à faire behou avec des môgôs au « Ça va chauffer » et autres maquis. Elle vit à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan où sa mère, Marguerite Abouet (35 ans), a vu le jour. À l’origine des albums de cette dernière, une angoisse – celle d’oublier d’où elle vient – qu’elle conjure en puisant dans ses propres souvenirs, « ceux d’une petite Ivoirienne qui a quitté son pays pour la France à l’âge de 12 ans et qui les a entretenus en les racontant à chaque fois qu’elle le pouvait, jusqu’à l’âge adulte, de peur de les oublier ». Mais aussi un agacement : « La manière dont les médias reflètent systématiquement les mauvais côtés du continent africain m’irritait de plus en plus, j’ai voulu montrer l’autre face, la vie quotidienne des gens, tout ce que j’ai connu. »
Parmi les 3 000 bandes dessinées qui sortent tous les ans, Aya de Yopougon (dont les dessins sont signés Clément Oubrerie) s’est fait remarquer en remportant le prix du meilleur premier album au Festival d’Angoulême en 2006. Depuis, Marguerite Abouet, qui a exercé toutes sortes de métiers (nounou, serveuse, opératrice de saisie, etc.) se consacre aujourd’hui pleinement à l’écriture. Elle est tombée dedans, il y a plusieurs années de cela, la nuit où sa télévision a explosé à 2 heures du matin dans sa chambre de bonne. « Il fallait que je trouve une autre occupation pour ne pas devenir folle dans cette minuscule chambre sans télévision ni radio. Je n’avais pas assez d’argent pour les loisirs, alors très vite l’écriture est devenue une thérapie pour moi. J’avais justement besoin de fixer ces souvenirs, et les histoires que j’imaginais autour », confie-t-elle.
Toujours avec la complicité du dessinateur Clément Oubrerie, elle vient de donner naissance à un deuxième Aya. Marguerite y entraîne de nouveau ses lecteurs dans l’Abidjan de son enfance au cur du quartier de Yopougon et dans le quotidien de sa cohorte de personnages hauts en couleur. Résultat : une bande dessinée gaie, originale et truculente où les protagonistes parlent nouchi, le savoureux argot ivoirien. Que les non-nouchiphones ne s’affolent pas, Marguerite Abouet a tout prévu. En fin d’album, on trouve un bonus ivoirien comportant pêle-mêle un lexique nouchi, la recette du kédjénou de poulet et autres spécialités locales. Et que les fans sachent qu’un Aya 3 sort dans un an. Il sera suivi « d’un polar en bande dessinée et d’autres projets encore et encore » En attendant, Abouet rêve « qu’Aya soit lu en Afrique et… surtout, de rencontrer Miriam Makeba ».

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