[Chronique] Theresa May ou les dangers du mimétisme

En voyage en Afrique, les responsables politiques occidentaux doivent-ils se sentir obligés de coller à l’image “enjailleuse” du continent ? Les danses scabreuses et les costumes improbables éludent les questions de fond…

L’œil de Glez © Glez / JA

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Publié le 4 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

« À Rome, fais comme les Romains », suggérait Ambroise de Milan au IVe siècle. Dans la bande dessinée Tintin, les policiers Dupond et Dupont, dans un souci de camouflage, appliquent le principe avec un léger biais anachronique. Dans les pays étrangers, ils portent des vêtements traditionnels qui, au final, ne passent pas inaperçus. En déplacement, certains responsables politiques endossent parfois des accoutrements qui, sur eux, frisent le ridicule. Mais souvent, c’est leur comportement qui prête le plus à sourire…

En plein Brexit incommode, Theresa May espérait sans doute faire diversion, en effectuant la première tournée africaine d’un Premier ministre britannique depuis Margaret Thatcher. Au Nigeria, elle arborait une tenue qui tranchait avec la sobriété unicolore de ses tailleurs habituels, laissant imaginer qu’elle avait voulu se la jouer « wax ». Mais ce que le grand public retiendra, ce sont les quelques pas de danse que la chef du gouvernement a esquissés, en ballerines léopard, lors d’une visite au Cap.

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« Frigo bancal »

Si certains observateurs trouvent que cette chorégraphie maladroite rend « humaine » la politicienne peu réputée pour son excentricité, des tabloïds continuent d’y voir une scène « embarrassante » ou « ridicule ». Le Guardian compare même la dirigeante britannique à un « frigo bancal »…

Alors président de la république française, François Hollande avait eu du mal à faire oublier son cliché kazakh en toque et pelisse en fourrure

Un responsable poli est-il obligé de se donner en spectacle, comme s’il se rendait à la fête d’anniversaire d’un collègue de bureau ? Évidemment, il est parfois piégé par la volonté de ne pas froisser une initiative de son hôte. Alors président de la république française, François Hollande avait eu du mal à faire oublier son cliché kazakh en toque et pelisse en fourrure. D’autres comme le canadien Justin Trudeau prennent un plaisir enfantin à multiplier les défilés en costumes traditionnels – comme en Inde récemment –, semblant parfois confondre visite officielle et soirée d’Halloween.

Angela Merkel, la sobriété pastelle à toute épreuve

Quant aux responsables africains des protocoles diplomatiques, ils ne rechignent jamais à nourrir le cliché de l’Afrique « enjailleuse », confrontant les invités à plus d’ambiance facile qu’à de soporifiques hymnes de gardes nationales. Ne nous étonnons pas que le continent traîne cette réputation de contrée insouciante, surtout lorsque l’accueil est agrémenté d’attroupements endiablés plus ou moins spontanés. Ceci dit, lorsque Nelson Mandela esquissait des pas de danse, c’était irrésistible, même si cela ne lui valait pas la première place d’un télécrochet.

C’est peut-être ce souvenir qui a encouragé Theresa May en Afrique du Sud et, quelques années plus tôt, Hillary Clinton. Alors secrétaire d’État des États-Unis, l’ancienne première dame avait, elle aussi, brisé sa réputation de pisse-vinaigre au risque de sarcasmes. En tournée, ces derniers jours, au Sénégal, au Ghana et au Nigeria, la chancelière allemande Angela Merkel a su, elle, cultiver la sobriété pastelle à toute épreuve…

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