Burundi : Pierre Nkrunziza accusé d’« appels récurrents à la haine » par des experts de l’ONU

Des enquêteurs de l’ONU ont averti mercredi 5 septembre que de graves violations des droits de l’homme, dont des crimes contre l’humanité, se poursuivent sans relâche au Burundi. Ils dénoncent des « appels récurrents à la haine » de la part du président Pierre Nkurunziza.

La police patrouille dans le quartier de Musaga à Bujumbura, au Burundi, tirant à balles réelles pour disperser les manifestants protestant contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, le mercredi 20 mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

La police patrouille dans le quartier de Musaga à Bujumbura, au Burundi, tirant à balles réelles pour disperser les manifestants protestant contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, le mercredi 20 mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 5 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

« Ce climat attentatoire aux droits de l’homme continue à être favorisé par des appels récurrents à la haine et à la violence de la part d’autorités, dont le chef de l’État, et de membres du CNDD-FDD (parti au pouvoir, NDLR), ainsi que par une impunité générale », a indiqué dans un rapport la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, établie en 2016 par le Conseil des droits de l’homme.

Il y a un an, elle avait indiqué avoir « des motifs raisonnables de croire que plusieurs de ces violations, commises en majorité par des membres du service national de renseignement, de la police et de l’armée ainsi que des Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir, qualifiée par les Nations unies de « milice », NDLR), constituent des crimes contre l’humanité ».

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La commission assure dans son rapport que ces violations, « dont certaines sont constitutives de crimes contre l’humanité », se sont poursuivies en 2017 et 2018, citant des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires, des tortures et autres traitements cruels, et des violences sexuelles.

Disparitions forcées

« Certaines pratiques, comme celles consistant à faire disparaître les corps ou à opérer de nuit, tendent à les rendre moins visibles, mais elles n’en sont pas moins réelles », a expliqué le président de la commission, Doudou Diène, dans un communiqué. La commission affirme notamment avoir « des motifs raisonnables de croire » que Léopold Habarugira, un homme d’affaires et cadre de l’opposition, appréhendé le 12 septembre 2017 par des individus dont au moins un en tenue policière, a été victime de disparition forcée.

Le rapport dénonce aussi le renforcement du rôle joué par les Imbonerakure et s’inquiète du rétrécissement de l’espace démocratique au Burundi, ainsi que de l’appauvrissement croissant de la population.

Des Imbonerakure coursent des manifestants de l'opposition, sans en être empêchés par les forces de l'ordre, à Bujumbura le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

Des Imbonerakure coursent des manifestants de l'opposition, sans en être empêchés par les forces de l'ordre, à Bujumbura le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

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« Persécutions, menaces et intimidations »

Selon Doudou Diène, « le référendum constitutionnel organisé en mai 2018 et la campagne pour les élections à venir en 2020 ont en particulier donné lieu à des persécutions, menaces et intimidations à l’encontre des personnes soupçonnées de s’opposer au gouvernement ou de ne pas partager la ligne du parti au pouvoir, que cela soit avéré ou non ».

La commission qui dénonce l’impunité au Burundi a élaboré une liste confidentielle d’auteurs présumés de crimes contre l’humanité, qui pourra être partagée par l’ONU avec tout organe ou juridiction compétente qui « mènera des enquêtes indépendantes et crédibles ».

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« Au lieu de faire respecter les lois, (…) les institutions judiciaires servent à couvrir les crimes et violations des droits de l’homme commis par la police, le SNR et les Imbonerakure, en leur offrant l’impunité », a estimé Doudou Diène.

Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1 200 morts et déplacé plus de 400 000 personnes. Ces violences ont poussé la Cour pénale internationale (CPI) a ouvrir une enquête.

Le président burundais a toutefois surpris les observateurs en assurant qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution le lui permet. Mais la communauté internationale s’est depuis montrée prudente quant à cette annonce,  disant attendre des actes concrets.

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