Pour le plaisir des yeux

Publié le 28 novembre 2005 Lecture : 4 minutes.

Son développement est devenu l’une des priorités du gouvernement comorien. Pour preuve, le tourisme fera l’objet d’une table ronde, en marge de la Conférence des partenaires prévue le 8 décembre prochain, à Maurice. Objectif : inviter les institutions publiques, les opérateurs privés spécialisés dans le développement touristique et les professionnels de la filière à venir explorer les sites comoriens et à investir dans ce secteur.
En matière de tourisme, il est indéniable que les Comores bénéficient de sérieux atouts : de belles plages de sable fin, une mer propice à la baignade et à la plongée, et une nature quasiment vierge, en particulier à Mohéli, où, dans un décor de rêve, on peut assister à la ponte des tortues vertes dans le parc marin, la première aire protégée du pays, ou encore admirer les célèbres chauves-souris « roussettes » et les lémuriens. Sans compter le patrimoine historique, avec quelques belles mosquées, et des traditions sociales et culturelles, comme le grand mariage, qui ajoutent à l’intérêt du pays.
Pour l’heure, ces « richesses » ne sont guère valorisées. On estimait à environ 19 000 le nombre d’arrivées touristiques en 2003. Une fréquentation en baisse par rapport à 1998, où l’on comptabilisait près de 27 500 entrées. Cette clientèle touristique est avant tout composée d’hommes d’affaires et de Comoriens vivant en France qui viennent passer leurs vacances au pays. Le tourisme de loisirs est limité à une poignée de visiteurs, qui fréquentent le parc marin de Mohéli, se lancent dans l’ascension du volcan Karthala, profitent des plaisirs balnéaires et font un peu de plongée sous-marine sur l’île de Grande-Comore.
L’un des grands handicaps du pays reste le faible développement du parc hôtelier. Actuellement, l’offre avoisine les 820 lits, et l’hébergement est inégalement réparti. En dehors de quelques établissements de standing international, la majorité du parc se compose de petits hôtels, de pensions, de chambres d’hôtes et de bungalows, qui offrent certes un cadre familial chaleureux, mais dont une grande partie ne répond pas aux normes internationales qu’exigent les tour-opérateurs. Il est vrai que le manque de clientèle ne favorise pas les investissements, que ce soit pour l’entretien des équipements existants ou pour la création de nouvelles structures.
C’est incontestablement sur l’île de Ngazidja (Grande-Comore) que l’offre est la plus fournie et la plus diversifiée. Elle est toutefois mal répartie. Moroni, Itsandra et Mitsamiouli, qui abrite le Galawa Beach, l’un des fleurons de l’hôtellerie comorienne, concentrent les hôtels d’affaires et de tourisme haut de gamme ainsi que les services pour hommes d’affaires et vacanciers. Quant au reste du parc (pensions et chambres d’hôtes), il est regroupé dans la capitale et ses environs. L’île d’Anjouan est plutôt sous-équipée. Les deux ou trois hôtels « d’affaires » sont concentrés à Mutsamudu, et les rares hébergements pour touristes se répartissent entre la capitale de l’île, Domoni et Moya. Si l’île de Mohéli ne dispose pas d’hôtels de grand standing, elle peut toutefois accueillir des touristes dans les villages situés dans le périmètre du Parc marin. Ces villages proposent en effet le gîte (en bungalows) et le couvert, et fournissent même des activités touristiques. Toutefois l’offre est limitée, et l’île, dont l’essentiel du territoire est protégé, ne peut prétendre à un développement touristique de masse.
L’autre obstacle au développement du tourisme est lié au manque de services et d’activités touristiques. En dehors de Tourism Services Comores, qui propose des circuits et dispose de bons véhicules et de guides chevronnés, d’Itsandra Plongée, imbattable pour ses sorties en mer, ou des structures implantées dans les grands hôtels, les agences de tourisme et de location de voitures « sérieuses » sont rares. En outre, les principaux sites sont peu aménagés. Voire pas du tout. Pour preuve, le bivouac est de rigueur après l’escalade du Karthala, puisque aucun gîte n’a été aménagé au sommet du volcan. Quant au patrimoine culturel, il est peu valorisé. Certes, il existe un musée digne d’intérêt à Moroni. Mais les monuments historiques du pays sont mal entretenus, sinon à l’abandon, et il est difficile de les localiser. Du coup, on passe à côté de nombreux sites. Quant aux liaisons interîles, elles doivent encore être améliorées.
À l’évidence, le grand atout du pays réside dans l’écotourisme. Quant à la clientèle, elle est principalement localisée dans la région (Afrique du Sud, île de la Réunion), voire dans le golfe Persique. Pour la clientèle de ces pays, les Comores peuvent en effet représenter une alternative aux destinations très connues que sont les Seychelles ou Maurice.
Reste à promouvoir l’archipel et à lever les nombreuses contraintes qui entravent pour le moment l’essor du tourisme, à commencer par sa desserte aérienne et son parc hôtelier. Ce sera l’un des objectifs de la table ronde organisée à Maurice en marge de la conférence des bailleurs de fonds du 8 décembre. Celle-ci aura pour objectif premier de faire connaître les atouts des Comores aux professionnels du secteur présents dans la zone de l’océan Indien. Car, avant tout investissement, c’est d’un peu de publicité que les Comores ont surtout besoin.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires