Football – Élimination du Bénin de la CAN U17 pour tricherie : les responsables « doivent être sanctionnés »

Dix joueurs béninois qui devaient participer aux éliminatoires pour la CAN 2019 des moins de 17 ans ont triché sur leur âge. La sélection, disqualifiée avant même le début des matchs, est rentrée à Cotonou et des interpellations ont déjà eu lieu. Mathurin De Chacus, le nouveau président de la Fédération Béninoise de Football (FBF), a du mal à masquer sa colère.

Mathurin De Chacu, président de la Fédération béninoise de football (FBF) © DR / Copie d’écran Facebook Mathurin De Chacus.

Mathurin De Chacu, président de la Fédération béninoise de football (FBF) © DR / Copie d’écran Facebook Mathurin De Chacus.

Alexis Billebault

Publié le 6 septembre 2018 Lecture : 3 minutes.

À peine élu président de la Fédération béninoise de football (FBF), Mathurin De Chacus doit gérer une crise dont il n’est pas responsable. La sélection U 17 (cadets), qui participait au Niger aux qualifications pour la CAN 2019 de la catégorie organisée par la Tanzanie, a été disqualifiée par la Confédération africaine de football.

Dix joueurs – Sophioane Gounou, Ahmed Sheerif Yessoufou, Achamou Zouli-Kefouli, Septime Ehoué, Barnabé Tito Toumbé, Dominique Kougnéadjo, Samson Hlakougbé, David Tchethao, Feliciano Anoto et Amir Doussoumou – ont en effet triché sur leur âge. Une supercherie découverte après les IRM pratiquées auprès de plusieurs joueurs. D’autres sélections (Niger, Nigeria, Côte d’Ivoire, Togo, Burkina Faso) sont également concernées, mais dans des proportions moindres. De passage à Paris, le dirigeant béninois qui a pris la tête de la FBF le 25 août dernier a accepté de répondre à Jeune Afrique. Il ne cache pas sa colère et affirme qu’il ne compte pas en rester là…

Les joueurs sont-ils responsables ? Oui, au moins partiellement

la suite après cette publicité

Jeune Afrique : Comment  avez-réagi après l’annonce faite par la CAF que dix joueurs avaient menti sur leur âgé réel ?

Mathurin De Chacus : Je suis bien sûr en colère. C’est une affaire très grave. Au Bénin, la population est choquée et elle espère vraiment que la justice du pays, qui s’est auto-saisie, ira jusqu’au bout. Je pense d’ailleurs que le Bénin, qui a droit au respect, a eu la réaction qu’il fallait. La justice veut aller au bout de son enquête, et il y a déjà eu des interpellations au retour de la délégation à Cotonou.

Les dix joueurs concernés, ainsi que les deux entraîneurs, Lafiou Yessoufou et Jonas Nounagnon, ont été placés en garde à vue…

Pour les joueurs, qui sont jeunes, je suis bien évidement triste, car ce sont nos enfants. Sont-ils responsables ? Oui, au moins partiellement. Mais ils doivent être sanctionnés. Je suis père de famille, et l’éducation passe aussi par le refus de la tricherie. Avoir été interpellés et placés en garde à vue, c’est déjà une sanction. Ensuite, ce sera à la justice de décider pour les personnes concernées par ce scandale.

la suite après cette publicité

En voulez-vous à votre prédécesseur, Anjorin Moucharafou, qui a lui aussi été interpellé ?

Je suis évidemment peiné pour sa famille. Je ne peux pas, en l’état actuel des choses, vous en dire plus sur le niveau de complicité des uns et des autres. Je suis déçu qu’Anjorin Moucharafou, s’il était effectivement au courant, ne m’ait pas informé de cette situation.

Je veux une fédération où le pouvoir n’est pas incarné par une seule personne, car cela n’est pas sain

la suite après cette publicité

La fédération va-t-elle porter plainte devant la FIFA ?

C’est une affaire qui concerne le Bénin. Il ne sera pas sanctionné, puisque les tricheries ont été découvertes avant le début des matches. Nous allons étudier, avec le comité exécutif, l’opportunité de saisir la FIFA. Nous en discuterons dans les prochains jours. Je veux une fédération où le pouvoir n’est pas incarné par une seule personne, car cela n’est pas sain. Nous allons également réfléchir à la possibilité de nous constituer partie civile, afin d’avoir accès au dossier.

Vous avez déjà pris la décision de limoger tout le personnel de la Fédération. N’est-ce pas brutal, surtout pour ceux  qui n’ont pas été mêlés à cette affaire ?

Je suis bien évidemment peiné d’avoir été obligé de prendre une telle décision. Certaines personnes, la majorité, ont été licenciées. D’autres sont suspendues. Mais il fallait faire un choix fort. Tricher est quelque chose d’inacceptable. On parle du Bénin aujourd’hui, mais ce problème n’est pas celui de ce seul pays, ou de l’Afrique. Il concerne tous les continents. Je sais très bien qu’il sera très difficile de l’éradiquer complètement. Mais il faut tout faire pour l’éradiquer.

Que faut-il faire, selon-vous ?

Les tests IRM pratiqués vont dans le bons sens. Il faut que les États soient  plus rigoureux, afin d’aider la FIFA dans sa lutte contre la fraude liée à l’âge. On me dit que dans certains cas, les parents d’enfants nés dans des zones reculées mettent du temps à déclarer cette naissance. Là, on parle de négligence. Mais la tricherie consiste à trafiquer son âge à des fins bien précises. Il ne faut surtout pas confondre.

Avez-vous des informations sur l’âge réel des joueurs impliqués ?

Pas vraiment. Il y a des rumeurs, concernant notamment un joueur qui serait déjà à l’Université… Il faudra vérifier cela, et attendre l’enquête de la justice béninoise.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Manuel Amoros est en poste au Bénin depuis le début de 2012. © AFP

Football : les Écureuils du Bénin en hibernation

Contenus partenaires