Les Maghrébins de « Sarko »

Quatre membres du conseil exécutif de l’UMP ont des parents originaires d’Afrique du Nord.

Publié le 28 novembre 2005 Lecture : 4 minutes.

Sur les quarante membres que compte le conseil exécutif de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), le parti que préside Nicolas Sarkozy, quatre sont issus de l’immigration maghrébine : Ahmed Guenad, Kamel Benamra, Rachid Kaci et Malika Ben Larbi. De profils très divers, ils sont loin d’avoir des positions identiques sur tous les sujets. Si certains s’efforcent de sensibiliser la droite aux questions relatives à l’immigration, d’autres rejettent toute idée de communautarisme, récusent l’appellation « Beur » et se reconnaissent « Français avant tout ».
Quoi qu’il en soit, leur présence au sein de la commission exécutive prouve que la direction de l’UMP a l’ambition d’intégrer en son sein la composante d’origine maghrébine de la population française, afin de refléter le « pays réel ». À noter que, tirant les leçons de son échec à la dernière élection présidentielle, le Parti socialiste fait lui aussi un gros effort en ce sens : une dizaine de membres de ses instances dirigeantes, une trentaine d’élus régionaux, deux députés européens et deux sénateurs sont d’origine maghrébine.

Ahmed Guenad : sport et business
À la fois homme de terrain, sportif de haut niveau et chef d’entreprise, il est aujourd’hui maire-adjoint de Garges-lès-Gonesse, dans la banlieue nord de Paris, et ancien conseiller général du Val-d’Oise (2001-2004). Arrivé d’Algérie à l’âge de 2 ans (il en a aujourd’hui 48), il décroche un Deug en sciences économiques, tout en s’adonnant à sa passion pour le sport : il sera champion d’Europe de karaté en 1990 et vice-champion du monde de kick-boxing en 1999. S’il croit à « l’insertion par le sport », il ne néglige pas le business. « Disposer de salles de sport, c’est bien ; avoir du boulot, c’est encore mieux », dit-il. Par ambition personnelle, mais aussi pour donner une chance aux jeunes des quartiers défavorisés, il crée deux sociétés (1 250 salariés, au total) : l’une spécialisée dans la formation d’hôtesses d’accueil, l’autre pour assurer la sécurité du Stade de France. Guenad est un fan de Sarkozy. C’est même pour lui qu’il a adhéré à l’UMP : « Il se bat, il est issu de l’immigration, il bouleverse la donne par son dynamisme et je suis d’accord avec son idée de discrimination positive », explique-t-il. N’ayant aucune intention de s’arrêter en si bon chemin, il compte bien briguer l’investiture de son parti pour les législatives de 2007.

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Kamel Benamra : pour une droite rassembleuse
C’est sans doute le plus politique des quatre. Juriste de formation, ce fils de harki a derrière lui une belle carrière administrative. À 50 ans, c’est aussi un vieux routier du monde associatif. Pourquoi a-t-il rejoint l’UMP ? « Parce que c’est un parti jeune, qui ne doit surtout pas adopter des façons de faire anciennes, mais promouvoir en son sein la variété et l’émergence de nouvelles compétences. » Benamra est un vivant démenti à l’image traditionnelle d’une droite avant tout soucieuse de grande politique et d’équilibres budgétaires. Lui veut une droite qui rassemble des Français de toutes origines. Son ambition : se présenter aux prochaines élections municipales. Et plus si affinités. La présidentielle ? « Ce serait un coup d’État, et ce n’est pas dans la tradition française ! » plaisante-t-il.

Rachid Kaci : conservateur libéral
C’est l’exact opposé de Benamra. Lui n’a pas choisi de défendre une France diverse et multiple : il se veut étranger à la tribu. Pour lui, il y a un côté méprisant à juger un homme selon sa communauté. « Je fais de la politique, dit-il, c’est tout ! » Le discours sur l’immigration le laisse de marbre et il accuse les partis de l’instrumentaliser. On le traite d’« idéologue laïcard », il répond qu’il dénie aux représentants des religions le droit de faire de la politique. On le situe souvent à la droite de la droite, il répond qu’il est un « conservateur libéral ». Nationaliste et anti-européen, ce professeur de mathématiques a également fait carrière à l’Office HLM des Hauts-de-Seine, puis aux côtés de Charles Pasqua, tout en s’investissant dans le monde associatif. En 1995, il rejoint Démocratie libérale, d’Alain Madelin. Pas de chance, celui-ci mise davantage sur Tokia Saïfi, qui deviendra secrétaire d’État au développement durable. Kaci s’est à deux reprises présenté à la présidence de l’UMP, la première fois contre Alain Juppé, la seconde, en 2004, contre Sarkozy. Volontiers provocateur, il est l’auteur de plusieurs pamphlets, dont La République des lâches (Éditions des Syrtes).

Malika Ben Larbi : madame la conseillère
« À cause de la loi sur la parité hommes-femmes, il est plus facile pour elle de réussir en politique, bien qu’elle soit davantage portée sur l’action que sur la réflexion », persiflent les mauvaises langues. Peu sensible à ces insinuations, Malika Ben Larbi poursuit brillamment son chemin. Elle est la seule de ses collègues d’origine maghrébine à être à la fois membre du comité exécutif et du bureau politique de l’UMP.
Née en 1971 de parents algériens et titulaire d’une maîtrise en communication, elle rejoint d’abord, à l’instigation de l’Élysée, l’équipe de Jean-François Lamour, à l’époque conseiller technique de Jacques Chirac (il est aujourd’hui ministre de la Jeunesse et des Sports). Fonctionnaire au ministère de la Défense depuis dix ans, elle vient d’être détachée à celui de l’Intérieur avec le titre de conseillère de Brice Hortefeux, le ministre délégué aux Collectivités territoriales – par ailleurs parmi les proches de Sarkozy. Elle envisage d’être candidate aux prochaines élections municipales à Nanterre, un vieux fief du Parti communiste. Avec, semble-t-il, de réelles chances de l’emporter.

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