Kibaki recalé par le peuple

Publié le 29 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

D’ordinaire, les référendums constitutionnels sur le continent se soldent par un « oui » massif. Mais pour la première fois, le 21 novembre, plus de 58 % des électeurs kényans ont rejeté le projet de révision de la Loi fondamentale que leur a soumis le président Mwai Kibaki. Un désaveu aux allures de camouflet, qui a laissé groggy le chef de l’État, avant de l’amener, quarante-huit heures plus tard, à limoger tous les ministres de son gouvernement. Y compris ceux qui l’ont soutenu. Lui, bien sûr, reste en place et se donne quinze jours pour nommer une nouvelle équipe. Comme si de rien n’était, alors que ce rejet traduit la défiance de ses concitoyens, qui lui reprochent de ne pas avoir tenu parole.
Le texte soumis à référendum était en effet loin des promesses de Kibaki pendant la campagne présidentielle de décembre 2002. Auprès des électeurs et de la coalition arc-en-ciel qui s’apprêtaient à le porter à la magistrature suprême, le candidat s’était engagé à réviser la Constitution (elle date de l’indépendance, en 1963) en créant un poste de Premier ministre pour rééquilibrer les pouvoirs au sommet de l’exécutif. Il n’y avait plus rien de tel dans la mouture recalée le 21 novembre. Au contraire, les attributions du chef du gouvernement étaient réduites au strict minimum, et celles du président, largement accrues. Au point de rappeler l’ère de l’ancien chef de l’État, Daniel arap Moi, qui détenait tous les leviers de l’exécutif.
Plus grave aux yeux de la population, majoritairement composée d’agriculteurs : le texte touchait aussi à des sujets sensibles, dont la réforme du droit foncier. Un domaine tabou qui a nourri l’argumentaire des adversaires du projet. Parmi eux, des membres déçus de la coalition, dont Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix 2004, Raila Odinga, qui convoite la primature depuis 2002, et quatre autres anciens ministres. Leur campagne a porté ses fruits et fini par enlever tout crédit au Texte constitutionnel du chef de l’État. Sonnera-t-elle le glas de la coalition arc-en-ciel et l’entrée du pays dans une zone de turbulences ?

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