Tunisie : « Youssef Chahed est toujours en poste car il n’y a pas d’alternative »

Ébranlé par une série de limogeages au sein du ministère de l’Énergie, le gouvernement de Youssef Chahed s’enfonce un peu plus dans une crise de confiance. L’opposition peine néanmoins à s’imposer comme une vraie alternative, analyse pour JA Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe.

Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, le 10 novembre 2016 © Francois Mori/AP/SIPA

Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, le 10 novembre 2016 © Francois Mori/AP/SIPA

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Publié le 7 septembre 2018 Lecture : 4 minutes.

Voilà maintenant une semaine que le chef du gouvernement tunisien a limogé le ministre de l’Énergie, Khaled Gaddour, le secrétaire d’État chargé des Mines, Hachem Hmidi, ainsi que plusieurs hauts responsables du ministère. Une décision justifiée principalement par l’exploitation illégale par un investisseur tunisien d’un champ pétrolier à Monastir depuis 2009.

Loin d’être nouvelle, cette affaire aurait davantage servi de faux prétexte au Premier ministre, analysent certains de ses opposants. Cette série de limogeages serait d’après eux une stratégie politique menée par Youssef Chahed, ayant pour but d’évincer ses adversaires tout en s’imposant comme le rempart anticorruption.

Le politologue algérien Hasni Abidi, qui dirige le Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cernam) à Genève, analyse pour Jeune Afrique la décision du Premier ministre et ses conséquences.

Jeune Afrique : Beaucoup de voix se sont élevées pour dénoncer un règlement de comptes politique. Cette version est-elle pertinente, selon vous ?

Hasni Abidi : Il est vrai que cette affaire est aussi l’histoire d’une opportunité saisie. Youssef Chahed a su en profiter pour montrer qu’il est l’homme de la situation et qu’il est à la hauteur des espérances des Tunisiens. Il a essuyé nombre de critiques concernant l’incapacité du gouvernement à stopper la corruption qui gangrène le pays. De là à parler de règlement de comptes politique, je n’y adhère pas. Des preuves sont accumulées sur des manquements graves dans la gestion du ministère de l’Énergie impliquant plusieurs collaborateurs. Le ministre a payé les frais d’un certain laisser-faire. Il s’agit de l’exploitation illégale d’un site pétrolier.

Faire la publicité de ses propres échecs, cela me semble illogique comme stratégie

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