[Tribune] Éviter les épidémies est à notre portée

Le virus Ebola en RDC ou le choléra en Algérie sont autant d’épidémies évitables sur le continent africain, selon le professeur Ali Benmakhlouf, pour qui les grandes inégalités de santé sont d’abord des inégalités d’accès à la prévention.

Un travailleur de l’OMS administrant un vaccin contre le virus Ebola à Mangina, en République démocratique du Congo, le mercredi 8 août 2018. © Al-hadji Kudra Maliro/AP/SIPA

Un travailleur de l’OMS administrant un vaccin contre le virus Ebola à Mangina, en République démocratique du Congo, le mercredi 8 août 2018. © Al-hadji Kudra Maliro/AP/SIPA

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  • Ali Benmakhlouf

    Professeur des universités et membre correspondant de l’Académie nationale de pharmacie, à Paris.

Publié le 13 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Une des caractéristiques de l’État moderne est de s’occuper de la santé des citoyens : vaccination généralisée, démographie contrôlée, etc. Or nous constatons que des épidémies évitables continuent à sévir sur le continent africain. Dans le cas de la maladie d’Ebola, qui s’étend en RD Congo depuis le mois de mai, le gouvernement semble prendre la mesure de l’urgence et s’est engagé dans une campagne de vaccination. Mais celle-ci s’apparente à une course contre la montre.

Des épidémies favorisées par les conflits

Comment intervenir dans les zones en proie aux troubles, comme il en existe aujourd’hui dans le pays ? Le nouveau foyer identifié en juillet inquiète car il touche le Nord-Kivu, une zone très peuplée et proche de la frontière avec l’Ouganda, où les rebelles ont fait de nombreuses victimes depuis quatre ans. L’avancée de l’épidémie se trouve favorisée par le conflit : il est aussi difficile d’agir que de prédire l’évolution de la maladie.

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>>> À LIRE – RD Congo : Ebola a franchi les lignes rebelles compliquant la lutte contre l’épidémie

L’OMS signale que l’épidémie touche beaucoup d’enfants, dont certains sont orphelins. Et les aidants ne peuvent se mouvoir que sous escorte armée. Dans ce contexte, il faut saluer le travail de l’OMS et de Médecins sans frontières, qui, toujours en quête de nouveaux lits, nettoient les hôpitaux et accueillent les nouveaux patients en un temps record.

En Algérie, au mois d’août, la nouvelle a pris de court beaucoup de gens : le choléra est réapparu pour la première fois depuis plus de vingt ans, faisant deux morts. Le pays a dû faire face à de nombreux cas avérés, de nombreux cas suspects et des hospitalisations dans trois préfectures proches d’Alger (Blida, Tipaza, Bouira). Les coupures d’eau, fréquentes l’été, ont favorisé le développement des bactéries.

À l’âge de l’information en temps réel, où il n’est plus possible de minimiser les faits ni d’en retarder l’annonce, les médias algériens ont néanmoins rempli leur rôle, demandant des comptes sur les délais de réaction et sur les formes de lutte qui doivent être menées.

Afin de limiter la propagation du sida, par exemple, il faut aussi informer sur les comportements à adopter

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Prévention

Mais de nombreux pays africains continuent de souffrir de maux tout à fait évitables. Les grandes inégalités de santé sont d’abord des inégalités d’accès à la prévention. Afin de limiter la propagation du sida, par exemple, il faut certes donner accès à la trithérapie, mais il faut aussi informer sur les comportements à adopter. Ce qui nous ramène à l’enjeu vital de toute société : élever le niveau d’information générale par l’éducation pour que l’éthique publique prenne le chemin de la citoyenneté.

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