Demain, un label tunisien

Pour rester dans le peloton de tête des exportateurs, la Tunisie doit porter la part de produit conditionné à 10 % des exportations.

Publié le 29 novembre 2005 Lecture : 4 minutes.

Il y a encore un demi-siècle, l’économie tunisienne était très dépendante de l’agriculture, elle-même tributaire des aléas climatiques. Mais si ce secteur fournit encore du travail à 22 % de la population active, il ne représente plus désormais que 14 % du PIB (contre 34 % pour l’industrie), et sa contribution aux exportations de biens ne dépasse guère 10 %. C’est cependant toujours l’huile d’olive qui assure, comme un demi-siècle plus tôt, l’essentiel des exportations agroalimentaires du pays. Un produit qui s’exporte tant et si bien que son prix de vente sur le marché intérieur ne cesse d’augmenter, passant de 1,5 dinar (1 dinar = 0,66 euro) il y a dix ans à plus de 5 dinars aujourd’hui.
La Tunisie compte 56 millions de pieds d’olivier, répartis sur 1,6 million d’hectares, soit 33 % des terres agricoles. Avec une exportation annuelle moyenne de plus de 100 000 tonnes, le pays est le 3e exportateur mondial d’huile d’olive, derrière l’Espagne et l’Italie, et le 4e producteur mondial, derrière l’Espagne, l’Italie et la Grèce. En 2004, la Tunisie a produit 250 000 t d’huile d’olive, contre 72 000 t en 2003. Elle en a exporté 211 000 t, contre 40 000 t une année auparavant. Près de 157 000 t ont été vendues par des opérateurs privés, de plus en plus actifs dans un secteur longtemps contrôlé par le très étatique Office national de l’huile (ONH).
Ces exportations ont rapporté 708 millions de dinars, soit 52 % du total des exportations agroalimentaires du pays, contre 145 millions en 2003. Conséquence de cette embellie : une vingtaine de nouveaux opérateurs privés se sont ajoutés à la quarantaine déjà actifs dans le secteur.
La saison de la cueillette des olives a démarré, cette année, officiellement, le 12 novembre. La récolte s’annonce presque aussi bonne que celle de 2004, conséquence d’une bonne pluviosité dans (pratiquement) toutes les régions. Signe de l’optimisme qui règne parmi les oléiculteurs : une bonne partie de la récolte a déjà été vendue sur pied, parfois à des prix dépassant ceux de l’année dernière.
En 2005, la production oléicole devrait atteindre, selon les prévisions, 220 000 t. Cette quantité sera consommée pour moitié dans le pays. L’autre moitié sera exportée essentiellement vers le marché de l’Union européenne (où Tunis dispose d’un quota de vente en franchise de 50 000 tonnes).
Les trois premiers clients de l’huile d’olive tunisienne sont, traditionnellement, l’Italie, (qui en a acheté, en 2004, pour un montant de 390 millions de dinars), l’Espagne (144 millions) et les États-Unis (44 millions). Les autres clients sont l’Australie, la Norvège, la Corée du Sud, Malte, mais aussi, dans le monde arabe, la Libye, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Cependant, malgré sa bonne qualité (excellent goût et faible taux d’acidité), ce produit, qui se distingue par ses vertus nutritionnelles et thérapeutiques (notamment dans le traitement du diabète et des pathologies cardio- vasculaires), est encore exporté en vrac, traité et mis en bouteille par certains pays européens, notamment l’Italie et l’Espagne, puis commercialisé sur les marchés internationaux sous le label de ces pays.
Une récente étude du Centre de promotion des exportations (Cepex) a démontré que, pour préserver sa place parmi le quatuor de tête des exportateurs d’huile d’olive, la Tunisie n’a d’autre choix que de porter la part de l’huile d’olive conditionnée à au moins 10 % du total de ses huiles exportées, contre 1 % actuellement. C’est le seul moyen, en tout cas, pour augmenter la plus-value de son produit dans un environnement soumis à une rude concurrence, notamment celle des nouveaux pays producteurs, comme la Syrie, la Turquie et le Maroc.
Pour promouvoir leurs capacités de conditionnement, les autorités tunisiennes ont décidé de mettre en place une caisse spéciale dont le rôle serait d’aider des promoteurs privés à créer de nouvelles unités de conditionnement. Pour alimenter cette caisse, qui sera fonctionnelle à partir de 2006, l’État procédera à la retenue de 0,5 % de la valeur des exportations de l’huile d’olive. Cette mesure, déjà inscrite dans le projet de loi de finances pour 2006, sera adoptée en décembre par la Chambre des députés (Parlement).
L’huile d’olive tunisienne n’étant pas connue en tant que telle, puisqu’elle est consommée mélangée à d’autres huiles de différents pays sous marques italiennes ou espagnoles, le pays doit donc aussi faire un énorme travail de marketing pour faire connaître la qualité de sa production oléicole, voire créer un label tunisien. D’autres solutions sont aussi préconisées par les professionnels pour promouvoir une oléiculture de qualité, telles que l’extension des superficies irriguée vouée à cette culture de 39 000 hectares actuellement à 70 000 hectares au cours des cinq prochaines années ; le développement de l’huile d’olive biologique, dont la production en 2004 a atteint 6 500 t, en grande partie exportée ; le renouvellement des oliveraies sénescentes ; la création de pépinières capables de produire des plants d’oliviers à partir de boutures herbacées ; et l’orientation de la recherche scientifique vers la création de variétés oléicoles compatibles avec les caractéristiques naturelles des différentes zones de production.

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