Maroc-France : le ministre Jean-Yves Le Drian reporte son déplacement à Rabat
Le ministre français des Affaires étrangères était attendu à Rabat le lundi 10 septembre. Le voyage a été reporté, et ce alors que des indices pointent vers un refroidissement des relations entre les deux pays.
Sur le site du ministère français des Affaires étrangères, la journée du lundi 10 septembre du ministre Jean-Yves Le Drian n’apparaît plus dans l’agenda. Un déplacement était pourtant prévu au Maroc. « La visite au Maroc du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, prévue le lundi 10 septembre 2018, a été reportée à une date ultérieure pour des raisons d’agenda. Le ministre et son homologue marocain se sont entendus pour se voir dans les meilleurs délais », précise à Jeune Afrique le ministère.
S’il ne s’agit pas encore de tirer des conclusions trop hâtives, deux affaires, d’ordre judiciaire, pourraient être à l’origine d’un coup de froid entre Rabat et Paris. Et ce alors que le président français Emmanuel Macron est attendu en visite d’État d’ici le premier trimestre 2019.
Deux affaires judiciaires
Le premier différend concerne l’affaire Thomas Gallay. Le 11 août, la mère de ce Français condamné en 2017 à quatre ans de prison au Maroc pour financement du terrorisme, a été reçue par le président français Emmanuel Macron. Ce dernier lui a alors promis de s’occuper personnellement du dossier. La défense et les proches de Thomas Gallay assurent qu’il a été condamné sur la base de faux aveux. Les autorités marocaines, elles, démentent formellement.
>>> A LIRE – Maroc-France : l’affaire Thomas Gallay à l’origine d’un nouveau coup de froid entre Paris et Rabat
L’autre affaire concerne la récente demande de la justice française d’entendre des journalistes marocains à la suite d’une plainte pour « injure » déposée par Mustapha Adib. Cet ancien officier des Forces armées royales (FAR), qui réside en France, a été condamné à de la prison ferme à l’orée des années 2000 pour avoir, selon lui, dénoncé des affaires de corruption au sein de l’armée.
Parmi les personnes que la justice française aimerait entendre, se trouve Habib El Malki, le président de la Chambre des représentants. Ce leader bien connu de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) est le directeur de publication du groupe de presse de son parti, qui édite les quotidiens Libération et Al Ittihad Al Ichtiraki.
Ces événements surviennent alors que du côté marocain, certaines voix évoquent des dysfonctionnements au sein de la coopération sécuritaire. En mars dernier, le chef du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), Abdelhak Khiame, s’étonnait par exemple dans un entretien à l’agence Associated Press que Paris n’ait pas alerté le Maroc du comportement de Radouane Lakdim. Ce Français natif du Maroc est l’auteur de l’attaque terroriste qui a fait quatre morts dans le sud de la France.
Le précédent de 2014
Si les observateurs scrutent l’évolution des deux affaires, c’est qu’en 2014, Rabat et Paris se sont brouillées suite au dépôt d’une plainte contre un haut responsable marocain pour « complicité de torture », déposée par l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), au nom d’un militant favorable à l’indépendance du Sahara occidental.
Des policiers français s’étaient ainsi rendus à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris pour notifier au patron de l’antiterrorisme marocain, Abdellatif Hammouchi, une convocation émise par un juge. Une longue et concrète crise diplomatique s’en était suivie.
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