Vos lettres ou courriels sélectionnés
L’humour n’a pas de limites
Dans une lettre publiée dans votre n° 2379-2380, Mohamed Talbi reproche à Jeune Afrique d’avoir publié la chronique de Fouad Laroui « Un Rifain sous les bombes ». C’est surprenant de la part de quelqu’un qui prône la modération et la liberté d’inviter le magazine dans lequel il collabore à censurer l’un de ses confrères ! Prône-t-il donc la censure dès lors que le sujet lui déplaît ? M. Talbi devrait savoir que rien, absolument rien, ne justifie la censure. Fouad Laroui est considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs, sinon le meilleur, des chroniqueurs que ce Maghreb ait enfanté. Le « fixisme excessif » sur le Maroc et l’humour de M. Laroui ne sont lassants que pour des gens comme Talbi. Beaucoup de lecteurs entament avec grand plaisir Jeune Afrique par les articles de Laroui. Que l’on soit à Tunis, à Alger ou à Casa, on se sent nettement concerné par ses propos.
N.B., Tunis, Tunisie
Désinformation antisémite
J’ai été scandalisé par l’article « Enlèvement ou capture ? » (J.A. n° 2378) qui essaye de façon totalement délirante de prétendre que les soldats israéliens n’ont pas été enlevés mais capturés sur le sol libanais. Pourquoi pas un autre article pour expliquer que ce sont les Israéliens qui lancent des Katioucha par centaines sur les populations civiles libanaises et que ce sont les gentils hezbollanis qui essaient de détruire les rampes de lancement israéliennes ? Et un nouvel article pour montrer que, contrairement à ce que l’on raconte, ce n’est pas le Liban et les pays arabes qui s’opposent à l’intervention de l’ONU mais bien ces « salauds de juifs ».
Enfin, une dernière couche pour expliquer que le Hezbollah et l’Iran qui le finance veulent la paix et aiment beaucoup les juifs et les Israéliens en particulier. Et vous aurez la palme de la désinformation antisémite pour le mois d’août (prix pour lequel vous n’êtes pas seuls à concourir).
S.A.
Émigrés d’hier et d’aujourd’hui
Ceux des musulmans qui, aujourd’hui, sont obligés d’émigrer vers des pays occidentaux, à la recherche d’un travail, doivent savoir qu’il est de leur intérêt – et qu’ils y sont donc autorisés par leur religion – de faire preuve de ces vertus recommandées aux premiers émigrés de l’islam : « Prônez des solutions aisées. N’imposez rien qui soit pénible. Portez la bonne parole. Ne faites rien qui incite à vous fuir. » Nos émigrés ont, aujourd’hui, intérêt à suivre cette sage recommandation, ils éviteraient ainsi de donner de l’islam une image négative, tout en étant quitte envers leur religion. Au demeurant, le système laïque, en vigueur dans leurs sociétés d’accueil, met les musulmans à l’abri de toute crainte de voir leur foi dépérir, ou s’affaiblir l’appartenance identitaire de leurs enfants. Concilier le nécessaire respect des traditions sociales du pays hôte avec l’exercice des véritables devoirs religieux n’est en rien difficile, l’une des caractéristiques de l’islam étant cette rare flexibilité qu’il autorise dans l’exercice du culte et les modes de fidélité aux valeurs qui sont les siennes.
Le devoir du musulman est de s’efforcer toujours de mettre en accord les contraintes que lui imposent sa vie sociale et les exigences de sa foi afin de préserver l’image de l’islam dans le monde de tout ce qui peut en ternir l’éclat.
C. K., Kairouan, Tunisie
Israël, un autre État américain
Quand les Arabes vont-ils comprendre une fois pour toutes qu’Israël, qui est une création de l’Occident et de son instrument, l’ONU, est un protectorat des États-Unis et considéré, ni plus ni moins, comme un des États de la fédération américaine ? Menacer l’État d’Israël, l’agresser ou toucher à une once de son territoire revient à menacer les États-Unis et donc à s’exposer à une riposte punitive. Il faut que les Arabes, à l’arrière-garde scientifique et technologique, admettent cette réalité pour éviter les aventures désastreuses qui les ramènent plusieurs décennies en arrière. Méditons sur ce qui se passe au Liban. Car se mesurer à la puissance militaire et à la force de dissuasion des États-Unis et d’Israël, leur protégé et leur allié indéfectible, est peine perdue. Donc, c’est aux États-Unis que les Arabes devraient s’adresser pour négocier la libération de ce qui reste de la Palestine historique et du troisième Lieu saint de l’islam, la mosquée Al-Aqsa. Seuls les États-Unis peuvent influencer Israël et régler le conflit sanglant du Proche-Orient. En contrepartie, les Arabes doivent :
1. Reconnaître l’État d’Israël et établir avec lui des relations diplomatiques et économiques ;
2. Admettre la supériorité militaire d’Israël et abandonner tout programme de recherche dans le domaine nucléaire et des armes de destruction massive ;
3. Assurer aux États-Unis le pouvoir de contrôler le pétrole du Moyen-Orient ;
4. Modifier les programmes scolaires dans le sens de la dédiabolisation des juifs, des sionistes et de l’Occident ;
5. Abandonner toute velléité de djihad, de renaissance et d’expansion arabo-islamique.
Chérif Aouni, Tinja, Tunisie
Liberté des Blancs et des Noirs
n J’ai apprécié l’analyse de Patrick Seale, dans son article intitulé « Jusqu’où ira Israël ? » (J.A. n° 2379-2380), sur la situation au Proche-Orient. Je pense qu’après plusieurs guerres israélo-arabes et cinq semaines d’affrontements meurtriers récents, l’État hébreu devrait comprendre que son peuple et les Arabes parviendront à une coexistence pacifique, que dis-je, une paix durable à une seule condition : des accords par la négociation. Car tout comme James Baldwin qui disait dans The Fire Next Time que la liberté des Blancs américains était liée à celle de leurs compatriotes noirs, j’ose affirmer que l’existence d’Israël – et ce sans contestation de pays arabes – ainsi que la paix dans son territoire dépendent de la paix chez ses voisins et « frères » arabes.
Dagnogo Bakary, Soubré, Côte d’Ivoire
Kabila ?ou Bemba, qu’importe !
Combien de temps que les Conglais de la RD Congo souffrent-ils ? Combien de temps vont-ils continuer à souffrir inutilement ? Voilà quelques questions que se posent les amis de ce grand et beau pays qui ne cesse de s’enfoncer dans la nuit noire de la misère. Kabila, Bemba ou autre, il est temps que les Congolais comprennent qu’il faut donner une chance à la démocratie. L’Histoire nous prouve qu’en Afrique les populations ne sont que le tremplin dont se servent les hommes politiques pour parvenir à leur fin. Alors il est temps que mes frères de la RDC comprennent que les discours haineux n’ont plus leur place dans un nouveau Congo.
Mouanda Kibiti, Brazzaville, Congo
Jésus ?au pôle Nord
Cela me semble être la devise de la coalition israélo-américaine qui ne voit dans la guerre du Liban qu’une bonne opportunité pour les uns d’éliminer le Hezbollah, pour les autres d’écarter les menaces terroristes qui, doivent-ils penser, vont avec. D’où le soutien du gouvernement américain. Tout cela n’augure rien de bon pour la région qui n’est pas au bout de ses peines. Pourquoi Jésus n’est-il pas né au pôle Nord ?
Zied bakir, Sfax, Tunisie
Préparons ?le Mondial 2010
La Coupe du monde 2006 vient de s’achever. Les regards sont maintenant tournés vers l’Afrique du Sud 2010. En terre africaine, donc. Afin de mieux affronter cette échéance, les équipes nationales africaines de football mériteraient d’être mieux structurées. Divers moyens devraient être mis à leur disposition : site officiel de regroupement, moyens de transport collectifs, soins médicaux, primes régulières et décentes, entraîneurs de haut niveau ayant fait leurs preuves, etc. Ces conditions tiendraient naturellement compte des situations économiques des différents pays. Enfin, l’implication de la Confédération africaine (CAF) serait souhaitable.
Sosthène Bertrand Gobela, Brazzaville, Congo
Thuram en guerre contre la drépanocytose
Dans votre numéro 2376, vous indiquez que Lilian Thuram va parrainer une campagne à travers l’Afrique pour lutter contre la drépanocytose. Je me réjouis qu’un footballeur de renommée mondiale se joigne à tous les médecins, psychologues, infirmiers, anthropologues, qui, sur le terrain (c’est-à-dire aussi bien en Afrique qu’en France, dans les DOM-TOM ou aux États-Unis), luttent contre cette maladie qui est malheureusement la maladie héréditaire la plus répandue dans le monde (50 millions de malades). Mais il ne faudrait pas noircir le tableau. Je me demande où votre journaliste a trouvé une proportion de 85 % de malades chez les Noirs, alors qu’on parle en général dans les pays les plus touchés de 30 %. Par ailleurs, étant donné la sensibilité actuelle des gens quant à la référence raciale, il aurait été plus approprié de parler de « l’Afrique subsaharienne », tout en sachant que s’il y a des malades dans les Caraïbes, aux États-Unis (lieu où a été découverte la drépanocytose en 1910) et en France, cela est dû et à la traite négrière et aux migrations d’aujourd’hui. Les éditions Karthala ont publié en 2004 La Drépanocytose. Regards croisés sur une maladie orpheline pour nous informer que des médecins s’intéressaient à cette maladie mais également des psychologues, anthropologues
Père Bernard Fagnon, Paris, France
Réponse : Relisez-nous bien. Nous avons écrit textuellement : « La drépanocytose touche à 85 % les Noirs », mais en aucun cas que 85 % des Noirs en sont atteints.
La Guinée ?se meurt
Épouse d’un Guinéen, le pays et ses habitants sont devenus les miens. Cette région d’Afrique de l’Ouest me semble ignorée du reste du monde ! Surtout de la France (la Guinée étant une de ses anciennes colonies), mais aussi de la Communauté européenne. Ce pays se meurt petit à petit, tout comme le chef de l’État Lansana Conté. La misère est de plus en plus grande. La corruption – de la police, des hommes politiques, de la douane – est flagrante. Le courrier n’arrive pas à ses destinataires, les lettres sont ouvertes, « perdues », car elles pourraient contenir de l’argent ! Le peuple souffre. À Conakry, coupures d’eau et surtout d’électricité sont monnaie courante. Lors de nos séjours à la campagne, dans un petit village où nous avons construit une maison de famille, nous avons des panneaux solaires. Notre village a des projets (se doter d’un dispensaire, agrandir l’école, arranger les routes principales, etc.). Toutes ces choses peuvent se réaliser aussi grâce à l’aide apportée par les émigrés de la région. Alors, s’il vous plaît, n’oubliez pas le peuple courageux de la Guinée.
Michèle Diallo, ?Braine-l’Allend, Belgique
Leçons libanaises
Analysons le résultat de la guerre israélo-libanaise : la première leçon à en tirer est que la bravoure d’un peuple peut venir à bout de n’importe quelle puissance. Il suffit qu’il soit convaincu de la justesse de sa cause, qu’il puisse être un peu aidé, et il arrivera à triompher de son ennemi. La Palestine s’en sortira si elle est aidée par quelques pays voisins (l’Égypte et la Jordanie, par exemple). Autre leçon : le Liban, pour la première fois, a gagné son unité. On ne parle plus de chiites, de sunnites, de druzes Tous ont compris qu’ils sont d’abord des Libanais (sauf peut-être Walid Joumblatt).
Abdellah Mouline, Rabat, Maroc
De l’injustice à l’intégrisme
En réalité, tout a vraiment commencé par le meurtre de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, père de la reconstruction libanaise. Tous les pays occidentaux se précipitent pour accuser, sans aucune preuve, la Syrie. D’une pierre, les États-Unis et Israël venaient de faire plusieurs coups : mise en accusation d’une Syrie acculée, exigence d’un désarmement du Hezbollah et, enfin, assassinat de l’homme qui reflétait la renaissance du Liban et son rayonnement international. Cet assassinat intervient dans un contexte où les Américains, acculés en Irak, souhaitent trouver un exutoire en s’attaquant à l’Iran, accusé de vouloir produire l’arme nucléaire alors qu’il est officieusement reconnu qu’Israël possède plus de cent bombes menaçant l’ensemble des capitales du monde arabo-musulman.
Par sa stratégie du pire, Israël est en train de précipiter le monde occidental dans une descente aux enfers en l’engageant dans des guerres multiformes contre l’ensemble du monde islamique. L’Amérique, État mercenaire au service d’Israël, veut faire du monde un immense Guantánamo où exprimer sa foi musulmane deviendrait un délit. L’Occident, par sa politique de bienveillance à l’égard d’Israël, a enfanté un islamisme radical qui recrute tous les jours de Casablanca à Peshawar des milliers de jeunes étudiants ou chômeurs qui sont prêts au sacrifice tant est énorme le sentiment d’injustice et de révolte qui fermente dans le cur des musulmans.
Nabil Z
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