Élections locales en Côte d’Ivoire : la confusion règne au PDCI

Divisé entre candidats favorables et hostiles au RHDP, le PDCI d’Henri Konan Bédié est secoué jusque dans ses bases, alors que la publication de la liste des candidats aux élections locales est prévue mardi 11 septembre.

Henri Konan Bedié, ancien président de la République, président du PDCI à  son domicile parisien en juin 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Henri Konan Bedié, ancien président de la République, président du PDCI à son domicile parisien en juin 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

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Publié le 11 septembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Malgré tous leurs efforts, le RDR et le PDCI n’ont pas réussi à limiter le nombre de candidatures indépendantes © Issouf Sanogo/AFP
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Élections locales en Côte d’Ivoire : test grandeur nature

Les résultats des élections locales du 13 octobre établiront l’influence réelle des différentes forces politiques, à deux ans d’une présidentielle décisive.

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Ce samedi 8 septembre, quand Alain Adia, nouveau délégué communal du PDCI à Port-Bouët (commune d’Abidjan) se rend à la permanence locale de son parti, il trouve des voyous postés aux entrées, qui lui en interdisent l’accès. Impuissant, il annule sa réunion et « sollicite l’intervention rapide de la direction du parti afin que ce trouble soit rapidement éteint, que l’ordre soit rétabli, afin que justice se fasse pour le PDCI ».

Confusion de la base au sommet

À l’instar de Port-Bouët, selon Le Nouveau Réveil (quotidien proche du PDCI), à l’intérieur du pays, trois autres permanences locales du PDCI ont été interdites d’accès à des responsables locaux. Cette information abondamment commentée sur les réseaux sociaux cache, en réalité, une guerre interne au PDCI entre responsables favorables au RHDP, récemment démis par Bédié et ceux jugés hostiles à la coalition au pouvoir, nommés par celui-ci.

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Si Bédié se retire du processus électoral sans nous consulter, nous irons à ces élections en tant que candidats indépendants

Manifestement, l’heure est à la confusion au sommet, comme à la base, au PDCI. La crise entre les deux camps opposés au sein du parti s’est accentuée au lendemain du 8 août, date de la rupture par Henri Konan Bédié de son alliance avec Alassane Ouattara, sans consultation de ses bases.

Une confusion symbolisée également par l’audience que Bédié doit accorder à trois vice-présidents de son parti. L’ancien Premier ministre Charles Konan Banny et les ex-ministres Emile Constant Bombet et Emmanuel Niamien N’Goran, tous favorables à un report des élections locales du 13 octobre en vue de la double réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) et de la loi électorale avant les élections locales du 13 octobre prochain, doivent être reçus par le président du PDCI dans son fief de Daoukro.

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« Si Bédié se retire du processus électoral sans nous consulter, nous irons à ces élections en tant que candidats indépendants », menace un candidat du PDCI dans une localité de province. « Il est aisé pour ceux qui ne sont pas candidats de demander un report, mais nous qui le sommes et qui dépensons nos finances et notre énergie depuis plusieurs années, nous voyons les choses autrement ».

Une rupture peu préparée

De fait, tout se passe comme si Henri Konan Bédié, 84 ans, n’avait pas préparé les siens à cette rupture. Nombreux parmi ses cadres, élus cinq ans plus tôt à la tête de listes d’union RHDP, s’étaient préparés à aller au scrutin avec les mêmes acteurs.

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Le ministre Alain Richard Donwahi, candidat dans la région de la Nawa (sud-ouest) et Patrick Achi, secrétaire général de la présidence, candidat dans la région de la Mé (sud) font partie de ceux-là. Ils ont obtenu le double parrainage du PDCI et du RHDP. Quant aux autres ministres-candidats issus du PDCI, ils boudent les rencontres convoquées par Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du parti et ouvertement contesté par les pro-RHDP, dont le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani.

La confusion est telle au PDCI que la CEI l’a débouté pour une erreur élémentaire dans la formulation de sa requête de dénonciation de son logo par le RHDP. En effet, alors que le PDCI contestait l’utilisation de son logo par la mouvance présidentielle, c’est plutôt son emblème constitué par un éléphant noir vu de profil, qu’il a introduit dans son dossier. Seulement voilà, l’emblème du RHDP, bien que contenant le sigle de ce parti, comporte plutôt une tête d’éléphant de couleur blanche et vue de face…

Les juristes du PDCI n’ont plus assez de temps devant eux pour introduire des recours. Sauf changement, la liste provisoire des candidats aux élections locales devrait être rendue publique ce mardi 11 septembre.

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