Pourquoi les dealers habitent-ils chez leur maman ?

Cet essai déjanté se joue des statistiques pour démonter bien des idées fausses sur les grands phénomènes sociaux. Humour en prime !

Publié le 28 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Il n’est pas certain que vous vous posiez souvent la question ci-dessus. La réponse, quand même : parce que, contrairement à l’idée reçue, dealer n’est pas un métier très rémunérateur. Ou que vous vouliez savoir à tout prix si les enfants américains de milieux aisés risquent plus de mourir d’une chute dans la piscine familiale ou d’un coup de feu malencontreux dont ils seraient la victime et parfois aussi l’auteur, en raison de la présence d’armes à leur domicile (la probabilité du décès dans la piscine est en fait cent fois supérieure). Peut-être déjà penserez-vous qu’il est plus intéressant de se demander si les sommes dépensées lors des campagnes électorales influent sensiblement sur le résultat du scrutin (après de savants calculs, on démontre qu’en général il n’en est rien).
Mais ce qui est certain, c’est que vous n’avez pas souvent eu l’occasion de lire des travaux d’économistes qui ressemblent à ceux de Steven Levitt, professeur star de la célèbre université de Chicago, qui ne se pose jamais des questions semblables à celles que s’acharnent à résoudre ses collègues, obsédés par l’inflation, l’évolution du commerce international ou les variations apparemment erratiques des cours des matières premières ou des titres boursiers. Il ne s’intéresse en effet qu’à appliquer les outils de la science économique aux problèmes de société, de préférence quand personne avant lui n’a supposé que lesdits problèmes pouvaient se prêter à une telle approche ou quand les éventuelles corrélations qu’il veut démontrer paraissent des plus improbables (exemple : y a-t-il un lien entre l’évolution de la législation sur l’avortement et celle de la criminalité aux États-Unis ?).
Résultat : Freakonomics (qu’on pourrait traduire par : « L’économie branque ») a été le livre d’économie le plus vendu aux États-Unis l’an dernier, et les étudiants se battent pour assister aux cours de son auteur. De là à suivre ce dernier quand il prétend volontiers que l’économie est une discipline neutre idéologiquement, il y a un pas que l’évident engagement de celui-ci dans le sillage des économistes « libertariens » ne pousse pas à franchir. D’ailleurs, s’il choisit des sujets de recherche bizarres, il ne les choisit pas pour autant au hasard, ce qui n’est évidemment pas neutre.

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