On prend les mêmes…

Le nouveau gouvernement a pris ses fonctions le 18 août. Sans avoir connu de bouleversement majeur.

Publié le 28 août 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est le 18 août que le président Teodoro Obiang Nguema a achevé le remaniement ministériel attendu depuis la démission de l’ancienne équipe, une semaine plus tôt. Principale victime de cette redistribution des cartes, l’ex-Premier ministre Miguel Abia Biteo Borico cède sa place à l’avocat Ricardo Mangué Obama Nfubea. Âgé de 45 ans, ce dernier, qui a été membre du gouvernement à plusieurs reprises, occupait le poste de deuxième vice-Premier ministre chargé de la Fonction publique, des Réformes administratives, des Affaires sociales et des Droits de l’homme dans la précédente équipe. Sa nomination constitue toutefois un événement à Malabo dans la mesure où elle va à l’encontre d’une règle, certes non écrite, mais inviolée depuis l’accession à l’indépendance de la Guinée équatoriale, qui veut qu’un membre de l’ethnie fang (qui représente 80 % de la population) accède à la primature. C’est donc la première fois depuis 1968 que cette fonction est dévolue à un représentant des Bubis, le second groupe du pays (autochtones de l’île de Bioko, où se situe la capitale), en la personne de Nfubea.
Autre particularité, l’effectif sort renforcé de cette remise à plat de l’organigramme gouvernemental, puisqu’on assiste à une nouvelle inflation ministérielle. Après avoir nommé 28 ministres le 15 août, le chef de l’État a complété la liste le 18 août en désignant 18 vice-ministres et 13 secrétaires d’État, ce qui porte à 59 les membres du nouveau gouvernement contre 51 pour l’ancien.
Pour le reste, le casting ne connaît pas de bouleversements majeurs par rapport à la précédente équipe, nombre d’anciens titulaires ayant été reconduits dans leurs fonctions. Parmi les nouveaux venus, on peut citer le général Antonio Obama Ndong, proche du président, qui devient vice-ministre de la Défense, ou encore le colonel Julian Ondo Nkumu, chef de la sécurité présidentielle, qui devient secrétaire d’État à la sécurité nationale. Du côté des piliers du régime, José Esono Micha reste vice-ministre aux Affaires étrangères, Melchor Esono Edjo demeure secrétaire d’État au Trésor, et le général Santiago Mauro Nguema Ndoho secrétaire d’État à la Défense nationale. Quant au fils aîné du chef de l’État, Teodoro Nguema Obiang Mangue, il conserve le ministère de l’Agriculture et des Forêts. Bref, les poids lourds du gouvernement sortant, souvent proches du chef de l’État, sont toujours en poste, et l’équipe reste dominée par les éléphants du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE).
On est loin du vaste coup de balai annoncé au mois de juin par le chef de l’État. Accusant le gouvernement et l’administration de corruption et d’incompétence dans la gestion des affaires publiques, Teodoro Obiang Nguema avait alors exprimé sa volonté de changement. À la suite de l’inscription de la totalité des avions enregistrés en Guinée équatoriale sur la liste noire des appareils interdits de vol dans l’Union européenne (UE), il avait déjà procédé au remplacement du ministre des Transports. Cette fois, c’est son homologue de la Santé, Justino Obama Nvé, qui paye les contre-performances de son pays au classement du développement humain publié en 2005 par les Nations unies (121e rang, soit douze rangs de moins qu’en 2004). Mais on est loin du séisme annoncé. À Malabo, on reste adepte du « changement dans la continuité ».

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