Islam : un rapport intitulé « La fabrique de l’islamisme » dénoncé par la Grande Mosquée de Paris

Depuis quelques jours, un rapport visant à organiser l’islam de France provoque le débat. Si le gouvernement dit y avoir trouvé des propositions intéressantes, le texte ne semble pas ravir les plus concernés.

La Grande Mosquée de Paris. © Wikimedia Commons

La Grande Mosquée de Paris. © Wikimedia Commons

Publié le 12 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Rendu public lundi 10 septembre, un rapport intitulé « La fabrique de l’islamisme » crée la polémique en France. Ce rapport de l’Institut Montaigne écrit par Hakim El Karoui poursuit le but d’organiser l’islam de France et de lutter contre l’islamisme.

Il s’alarme notamment de la prolifération des thèses islamistes sur internet.

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El Karoui y présente sa proposition de « création d’une institution chargée d’organiser et de financer le culte musulman » : l’Association musulmane pour l’islam de France (Amif).

Objectif : « Créer une organisation neutre, indépendante des pays d’origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd’hui les mosquées, pour prélever une toute petite somme d’argent sur chaque acte de consommation et réinvestir cette somme d’argent dans le travail théologique », souligne-t-il.

Cette structure pourrait notamment gérer une « taxe halal », idée maintes fois évoquée depuis les années 1990. Il ne s’agirait pas d’un impôt prélevé par l’État, mais d’un prélèvement géré par l’association et s’inspirerait de la « taxe de cacherout » de la communauté juive, gérée par les rabbinats et qui permet de certifier les produits « casher ».

Un rapport qui ne fait pas l’unanimité

« C’est la montagne qui a accouché d’une souris », a estimé auprès de l’AFP Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français pour le culte musulman (CFCM), instance élue considérée comme représentative par les pouvoirs publics mais critiquée pour son manque d’efficacité. « Il n’y a aucune proposition nouvelle », a-t-il ajouté.

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Il a rappelé que les grandes fédérations de mosquées, dont celles animant le CFCM, avaient annoncé en juillet un projet d’Association pour le financement et le soutien du culte musulman (AFSCM). Celle-ci va mettre en place une structure « chargée de collecter une contribution volontaire sur le halal, le pèlerinage, la zakat (aumône légale) et les dons des fidèles », selon le CFCM.

« C’est aux musulmans de s’occuper de leur religion, ce n’est pas à l’État de l’organiser », a par ailleurs estimé Abdallah Zekri.

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L’ancien président du CFCM, Anouar Kbibech, a pour sa part indiqué sur BFMTV « ne pas constater du tout cette montée si inquiétante » de l’islamisme décrite dans le rapport.

Dans un communiqué, Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, « regrette que ce rapport opportuniste et partial ait pu tomber dans l’amalgame aisé entre islam et islamisme, oubliant volontairement la communauté musulmane de France ». Celle-ci, attachée au respect « scrupuleux » du principe de laïcité, « a toujours su respecter les valeurs républicaines », a-t-il ajouté. Il dit « s’étonner vivement des termes de ce rapport lacunaire qui fait fi de toutes considérations religieuses et d’analyse sociologique avérée ».

Pour Dalil Boubakeur, « la communauté musulmane de France ne saurait raisonnablement porter le fardeau de l’islamisme et faire l’objet d’un traitement différent des autres cultes ».

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