Londres sous pression
Pourquoi le Royaume-Uni, qui vient d’échapper à une série d’attentats, est plus que jamais sous la menace des combattants islamistes.
Le 22 août, onze individus arrêtés à Londres et à Birmingham ont été déférés devant la justice. Huit d’entre eux ont été accusés de complot en vue de commettre des meurtres et de « préparation d’actes terroristes ». La justice britannique les soupçonne d’avoir participé à « une importante conspiration terroriste censée faire exploser des avions en plein vol » entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, comme le soulignait le porte-parole de Scotland Yard, qui a révélé l’affaire le 10 août. Treize mois seulement après les attentats qui avaient tué 56 personnes dans les transports en commun londoniens, l’événement rappelle que l’Angleterre reste un théâtre d’opérations privilégié pour les islamistes. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, sept attaques terroristes y auraient été déjouées. L’engagement militaire de la Grande-Bretagne en Irak aux côtés des États-Unis y est certes pour beaucoup, mais il n’explique pas tout.
Parmi les terroristes ou présumés tels arrêtés dernièrement, plusieurs n’entretiennent aucun lien avec la région traditionnellement considérée comme la plus pourvoyeuse d’intégristes islamistes : le monde arabe. Leur parcours montre par ailleurs que tous ne sont pas des musulmans « de souche ». Parmi les huit individus inculpés de « préparation d’actes terroristes » le 22 août, deux sont des convertis à la religion de Mohammed : Umar Islam, né sous le nom de Brian Young, et Ibrahim « Oliver » Savant. Aucun des kamikazes de New York, Washington et Madrid, entre 2001 et 2004, n’était un converti.
Les minorités vivant en Grande-Bretagne seraient-elles, par ailleurs, plus perméables à l’islam radical ? Jusqu’au 11 septembre 2001, les intégristes ont pu tenir librement en Angleterre des discours virulents, disposant même, parfois, de locaux pour publier leurs communiqués appelant à la guerre sainte. Selon un accord tacite, le gouvernement fermait les yeux sur leurs activités contre l’engagement de ne pas commettre d’attentat sur le sol britannique. Si de nouveaux textes ont été votés depuis les attaques de Londres en 2005, la situation n’aurait, elle, guère évolué. Gareth Crossman, le directeur de l’ONG Policy for Liberty, n’y voit rien d’étonnant. « La nouvelle loi est si vague qu’il n’y a pas deux personnes qui sont tombées d’accord sur son interprétation », a-t-il expliqué dans l’International Herald Tribune du 22 août
Quant au 1,6 million de musulmans installés en Grande-Bretagne, 70 % sont originaires du sous-continent indien, du Pakistan surtout, un pays aujourd’hui considéré par certains comme l’épicentre du djihad mondial. Protégés par les services de renseignements de l’Inter-Service Intelligence (ISI), de nombreux groupes extrémistes, parfois soupçonnés de liens avec al-Qaïda, y ont vraisemblablement trouvé refuge. Ils profitent de l’interprétation particulièrement conservatrice de la religion musulmane qui s’est imposée dans le pays depuis le début des années 1980, au contact de la résistance islamique à l’invasion soviétique de l’Afghanistan d’abord, puis du régime des talibans mis en place à Kaboul entre 1995 et 2001
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