RDC : Kabila pour la préférence nationale et « la mise en œuvre effective du nouveau code minier »
À l’ouverture de la troisième conférence minière de la RDC, le président congolais Joseph Kabila a insisté le 12 septembre sur la « mise en œuvre effective du nouveau code minier » et l’application de certaines mesures de préférence nationale.
Kolwezi a pris des allures de la nouvelle capitale de la RDC. Président de la République, ministres, parlementaires, décideurs économiques… Plusieurs personnalités séjournent actuellement dans cette ville de Lualaba, dans l’ex-province du Katanga. Et pour cause ? L’ouverture, le mercredi 12 septembre, de la troisième édition de la conférence minière du pays.
Mais cette année, cette grand-messe autour des questions minières coïncide avec le bras de fer engagé entre l’État congolais et les sept grandes sociétés minières du monde (Randgold, CMOC et Glencore entre autres). Ces géants miniers s’insurgent contre la suppression, par le nouveau code minier congolais, de la clause de stabilité de dix ans qui leur était promise. Ils boudent également l’importante hausse de la redevance minière. Des discussions qu’ils ont ensuite engagées avec le président Joseph Kabila n’ont visiblement pas changé grand-chose.
Fin de l’exportation des minerais à l’état brut ?
« J’exige la mise en œuvre effective du nouveau code minier », a martelé le chef de l’État congolais lors de son discours d’ouverture de la conférence minière annuelle de la RDC, appelant le gouvernement à « veiller à ce que cela soit chose faite ». Concrètement, Joseph Kabila plaide notamment en faveur d’un « renforcement de la participation industrielle du titulaire du droit minier afin qu’aucun produit minier ne soit exporté à l’état brut ».
« Les minerais du Congo ne sauraient continuer abusivement à ne satisfaire que des commodités des investisseurs et du marché mondial », a poursuivi Joseph Kabila, dévoilant aux participants sa vision du « Congo de demain ». Un pays qui pourrait « permettre aux producteurs de voitures électriques, smartphones, écrans plasma, fibres optiques et autres alliages et super alliages spéciaux de s’installer en RDC, [de] réaliser de bonnes affaires, [de] créer de nouveaux emplois en faveur des jeunes et [de] participer ainsi à l’industrialisation et à la croissance inclusive de l’économie nationale ».
La pauvreté reste entière dans des localités environnant les sites d’exploitation minière en RDC », a reconnu Joseph Kabila
D’autant que, pour l’instant, et après dix-sept ans de règne, Joseph Kabila a lui-même reconnu la persistance du « contraste saisissant observé entre, d’une part, l’embellie vécue et amplifiée à ce jour par la montée en flèche des cours mondiaux et, d’autre part, la contribution [du secteur minier] restée pour le moins incertaine à la réalisation des objectifs de développement socio-économique du pays ».
Le chef de l’État, qui ne se représentera pas au scrutin présidentiel prévu le 23 décembre, a également affirmé que la problématique de la « pauvreté humaine et physique » était restée « entière » et « [couvrait] largement les visages de la population et des localités environnant les sites d’exploitation minière » en RDC.
Kabila et le « local content » en RDC
Joseph Kabila a enfin exigé « la participation des Congolais dans le capital des entreprises minières et la mise en œuvre effective de l’exclusivité [qui] leur reconnue dans la réalisation de la sous-traitance ». Une esquisse de la préférence nationale qui inquiète certaines entreprises privées depuis l’entrée en vigueur de la loi en mars 2017.
Mais Kinshasa tient-il vraiment à favoriser enfin le « local content » ? Pour l’instant, les textes régissant cette problématique du contenu local sont « éparses » et « présentent quelques fois des incohérences dans la démarche louable poursuivie par le gouvernement », regrette Me Marcel Malengo Baeleabe, ancien président de la commission juridique de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), spécialiste des questions minières en RDC.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle 600 entrepreneurs du pays ont prévu de se rencontrer le 15 septembre à Brazzaville et le 17 à Kinshasa. Regroupés au sein du réseau d’affaires Makutano, ils se pencheront sur la nécessité de se réapproprier l’économie nationale mais aussi sur les possibilités de faire du business ensemble. Une quatrième édition du forum économique qui se veut « force de proposition et qui promeut un dialogue rénové entre le secteur privé et les autorités publiques », rappelle son initiatrice, Nicole Sulu.
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