Enfer carcéral
Publié le 28 août 2006 Lecture : 2 minutes.
«Ils m’ont attaché les bras derrière le dos et m’ont ensuite hissé à un arbre dans la cour. Je suis resté suspendu pendant trois heures environ. [] Puis, ils ont appuyé leurs cigarettes sur mes bras. [] Cela me faisait tellement mal que j’ai fini par dire que je les avais volées. »
« Je » est un prisonnier guinéen de 16 ans, en détention « provisoire » depuis quatre ans à la Maison centrale de Conakry. Le jeune homme rapporte par le menu aux observateurs de Human Rights Watch (HRW), l’ONG américaine de défense des droits de l’homme, les sévices que lui ont infligés des policiers lors de son arrestation. Âgé de 12 ans à l’époque, il est accusé d’avoir volé « des boîtes de nourriture sur le marché ».
Publié le 22 août, le rapport de HRW sur la torture, les conditions de détention et l’usage abusif de la force en Guinée regorge d’exemples du même acabit. À quelques variantes près : dents arrachées, coupures avec des lames de rasoir, coups de corde et de matraque Outre l’énumération de ces méthodes dignes de l’ère Sékou Touré – qui foulent aux pieds la Constitution guinéenne comme les traités internationaux -, les auteurs font une description alarmante de l’univers carcéral : surpopulation (1 500 détenus pour 300 places à la Maison centrale de Conakry), manque de nourriture et malnutrition, gardiens volontaires sans formation ni rémunération de l’État. Une situation qui n’est cependant pas le lot des seules prisons guinéennes.
Plus spécifique est la répression pour le moins excessive des manifestations. En juin 2006, alors que le pays est agité par une grève générale contre l’augmentation des prix des produits de base, treize manifestants sont tués par des policiers et des militaires à Conakry et à Labé, dans le centre du pays, rapporte HRW (le bilan officiel fait état de onze victimes). L’impunité dont bénéficient les forces de l’ordre résulte en partie de la vacance du pouvoir. Gravement malade, le président Lansana Conté a abandonné le contrôle de l’appareil à son entourage. Mi-août, le chef de l’État a fait un nouveau séjour à l’hôpital cantonal de Genève
