Tunisie : un projet de loi de finances 2019 plus social qu’en 2018
Le chef du gouvernement Youssef Chahed défendra à partir du 15 octobre son projet de Loi de finances 2019 devant les représentants du peuple. Une conférence nationale sur les orientations économiques et sociales de ce texte, organisée le 14 septembre, a fait l’effet d’un tour de chauffe, sur fond de crise politique aiguë.
Le gouvernement se prépare à présenter à l’ARP une loi de finances qui va être scrutée à la loupe – d’autant que celle de 2018 avait été vivement critiquée sans que les propositions des élus n’aient été prises en compte. L’augmentation de la TVA et des impôts avait impacté des pans entier de l’économie, notamment le secteur immobilier.
Ces mesures impopulaires qui n’ont pas renfloué les caisses de l’État pour autant semblent oubliées en 2019 : le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, fixe comme priorités « de renforcer la croissance et de juguler le déficit commercial ». Des intentions louables mais pas très ambitieuses, puisqu’il s’agit d’atteindre une croissance de 3 % – soit 0,2 points de mieux que les 2,8 % réalisés jusqu’en septembre 2018 – et qui ont été insuffisants à créer de l’emploi.
« Il faut améliorer la compétitivité des entreprises publiques et entamer des réformes pour alléger la pression du secteur informel sur le privé » propose en substance Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica). Avec un budget de l’État à hauteur de 40 milliards de dinars (12,3 milliards d’euros), le gouvernement escompte réduire le déficit budgétaire de 4,9 % en 2018 à 3,9 % en 2019 puis à 3 % en 2020 et ramener la dette en dessous la barre des 70 % du PIB. Des objectifs difficilement réalisables étant donné la détérioration du dinar, l’inflation galopante et la flambée des cours, notamment du brut et du blé. Ces questions seront certainement soulevées par les députés.
Restaurer le pouvoir d’achat
Au programme de 2019, une augmentation des crédits pour les régions, une baisse de la fiscalité pour les entreprises avec une exemption de quatre ans pour les nouveaux projets, une allocation de 150 millions de dinars pour l’emploi, une augmentation des salaires et une couverture sociale destinée aux enseignants, une allocation de 50 millions de dinars pour les jeunes entrepreneurs, en particulier dans les régions marginalisées de Tunisie, et une baisse significative de 10 000 dinars du prix des petites cylindrées. Autant de mesures censées consolider un pouvoir d’achat détérioré notamment par la dépréciation continue du dinar, que rend les importations plus chères.
Pour le chef de l’exécutif, les conflits politiques sont la cause de la panne du développement économique. Il prédit même que « tout changement politique en ce moment précis, à quelques semaines seulement du dépôt du projet de loi de finances, rompra les négociations en cours avec nos partenaires internationaux ou du moins leur report. Nous restons en poste, au service de la Tunisie ».
Il pointe ainsi la crise des partis politiques et son désaccord avec la centrale syndicale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui a boycotté la conférence. Il s’agissait en effet plus d’une concertation de façade que d’un vrai débat, estime ainsi son secrétaire général adjoint Samir Tahri, précisant que l’invitation arrivée tardivement n’a pas permis au syndicat de préparer les données indispensables pour discuter d’une loi de finance.
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