Un commerçant contre l’inflation

Sauvée de la banqueroute, l’entreprise publique Sonimex a pu se reconstruire en deux ans. Elle occupe désormais une position clé dans le contrôle de l’importation des denrées alimentaires.

Publié le 28 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

La Société nationale d’importation et d’exportation, la Sonimex revient de loin. Créée en 1966, elle a longtemps disposé en Mauritanie du monopole d’importation des produits de première nécessité. Détenue à hauteur de 63 % par l’État, elle était soutenue par d’importants actionnaires privés, notamment le groupe de pêche industrielle Maoa (10 %), ainsi que le richissime homme d’affaires mauritanien Abdallahi Ould Nouegued (groupe AON, 10 %). Mais elle n’a pas résisté à la perte de son monopole, rompu en 1992 pour ouvrir le marché à des opérateurs privés – ils sont aujourd’hui une dizaine dans le pays. « C’est alors que l’entreprise a connu ses premières difficultés car elle n’a pas su développer sa propre dynamique commerciale », analyse l’actuel directeur de l’institution, Moulaye el-Arbi, nommé en septembre 2005 dans des conditions particulièrement difficiles. Quadragénaire et centralien, il avait auparavant effectué sa carrière dans le privé et le conseil.

Réinventer l’entreprise
« Je n’avais qu’une seule mission : rembourser une dette abyssale de 23,4 millions d’euros et remettre sur pied l’entreprise, mais il aurait été plus facile de reconstruire à partir de rien », ajoute-t-il. Les clés de ce redressement ? En situation de liquidation, il fallait reprendre une activité commerciale au plus vite et, surtout, retrouver la crédibilité auprès des institutions bancaires. C’est l’objectif que s’est fixé le patron en obtenant, tout d’abord, un découvert bancaire de 15 millions d’euros. « J’ai au moins pu payer les salaires des employés », s’exclame El- Arbi. Sur les 230 personnes embauchées, 100 départs volontaires ont été enregistrés. Il a fallu ensuite relancer le volume d’affaires. C’est chose faite puisque 63 000 tonnes de produits ont été importées en 2006, 80 000 tonnes en 2007 et probablement 130 000 tonnes cette année. « Il a fallu réinventer l’entreprise », conclut le directeur général.
La Sonimex a aujourd’hui retrouvé sa position, importante dans un pays dont la production agricole ne couvre que 24 % des besoins du pays. Elle affiche un chiffre d’affaires de 13 milliards d’ouguiyas (35 millions d’euros). En plus d’assurer l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité, l’entreprise agit comme un gendarme de l’inflation sur le marché des denrées alimentaires. « Notre rôle est de surveiller le niveau des cours et d’imposer des prix bas pour éviter que d’autres importateurs ne pratiquent des marges trop élevées », explique le directeur général. Conséquence de ce regain de confiance, la Sonimex, à côté des boutiques Procapec (voir encadré), joue un rôle de premier plan dans la mise en oeuvre du Plan spécial d’intervention lancé par le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi pour enrayer la spirale de la hausse des prix qui frappe la Mauritanie.
« La situation est saine, la liquidation est de l’histoire ancienne », se réjouit notre homme, même s’il estime que, pour éviter que cela ne se reproduise, il faudrait limiter le poids de l’État dans la gestion de l’entreprise et notamment baisser sa participation. « Il nous faut un contrat-programme qui ait force de loi et qui régisse clairement les engagements pris entre l’État et la Sonimex », assure El-Arbi, qui pense déjà à l’étape suivante : faire d’ici à cinq ans de cette entreprise importatrice une société productrice et exportatrice, notamment dans l’huile et le riz – deux produits pour lesquels la Mauritanie dispose selon lui d’un « potentiel incroyable ». Rendez-vous est pris pour 2012.

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