Révolution verte ?
Le secteur doit redevenir une priorité, et l’un des principaux moteurs de croissance. Au programme : la structuration des acteurs et la promotion des investissements privés.
Mieux vaut tard que jamais, l’agriculture marocaine a enfin une stratégie. Baptisée « Maroc vert », elle vient d’être présentée au Parlement par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et des Pêches. À défaut d’agenda précis, le plan ne manque pas d’ambition. Son objectif : valoriser le secteur pour en faire l’un des principaux moteurs de croissance (sachant qu’il occupe près de 4 millions d’actifs et représente 10 % à 15 % du PIB), et, pour le dynamiser, mettre fin aux disparités entre modernité et tradition. Reste à savoir comment organiser les petites et moyennes exploitations. « Quel sera l’encadrement ? Vers quelles productions les orienter ? s’interroge le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami. Ce plan suppose que les opérateurs s’organisent. Mais la plupart étant de petits exploitants [ndlr : 80 %], sont-ils suffisamment organisés pour peser sur le processus de décision ? »
Bien accueilli par les professionnels, Maroc Vert suscite encore beaucoup d’interrogations. Comment atteindre les 1 000 à 1 500 projets par an ? Comment drainer 10 milliards de DH d’investissement privé chaque année ? « Nous avons le plus grand mal à trouver des terrains de taille suffisante », explique Kacem Bennani-Smirès, qui dirige Delassus, grand producteur et exportateur d’agrumes. En effet, les structures foncières archaïques entravent l’essor d’une agriculture rationnelle. Le quart des terres cultivées sont en indivision et appartiennent à une multitude d’héritiers. Maroc Vert se propose d’en mobiliser 75 000 ha chaque année, sans préciser le modus operandi.
La réussite du plan est aussi tributaire d’autres facteurs : gestion de l’eau, modernisation de la distribution commerciale, fiscalité Cette dernière est d’ailleurs l’une des grandes absentes du plan. Les agriculteurs sont exonérés des impôts sur les sociétés et sur le revenu jusqu’à 2010. Cette situation sera-t-elle reconduite ? « Nous ne sommes pas contre une fiscalité, à condition qu’elle soit juste et équitable, explique Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement durable. Cela permettra de réinvestir les recettes engrangées dans le secteur et d’y mettre de l’ordre, pour qu’il ne soit plus considéré comme un boulet »
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