Tunisie : Youssef Chahed suspendu de Nidaa Tounes

L’adhésion du chef du gouvernement au parti de Nidaa Tounes a été « gelée », vendredi 14 septembre, créant une situation aussi curieuse qu’inédite en Tunisie.

Le Chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, le 24 mai 2018. © Fauque Nicolas/Images de Tunisie.com

Le Chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, le 24 mai 2018. © Fauque Nicolas/Images de Tunisie.com

Publié le 17 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Soupçonné de vouloir s’aménager des appuis à l’Assemblée à travers un nouveau groupe parlementaire, la Coalition nationale, constituée de 40 transfuges d’autres partis, Youssef Chahed a poussé à la rupture Nidaa Tounès, son parti qui l’a désigné chef du gouvernement.

Sommé par le comité politique de la formation fondée par Béji Caïd Essebsi de s’expliquer dans les vingt-quatre heures sur sa position vis-à-vis de Nidaa Tounes, le patron de la Kasbah n’a pas daigné répondre. Résultat, son adhésion est suspendue, en attendant que la commission du règlement intérieur statue sur son éviction.

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Confusion politique

Du jamais vu pour un chef du gouvernement. « Je ne crois pas qu’il y ait un tel précédent », assure le député indépendant Mondher Belhaj Ali. La confusion politique qui sévit en Tunisie est cependant telle que l’incident semble anecdotique.

Le pays se retrouve, conformément à la Constitution, avec un chef du gouvernement issu du parti majoritaire à l’Assemblée mais qui est en voie d’en être exclu, alors même que ce parti, devenu troisième au Parlement, n’est plus en position de force…

Une situation paradoxale, que Youssef Chahed entretient en ne dévoilant pas ses intentions pour les élections de 2019. Un point qui dérange également Ennahdha qui a conditionné son soutien au patron de l’exécutif à son engagement à ne pas être candidat aux présidentielles de 2019.

Sous son apparente assurance, Youssef Chahed se cherche et se rend bien compte que ses appuis sont précaires voire versatiles

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Là aussi, le locataire de Carthage n’a pas répondu, au risque d’agacer ses appuis au sein d’Ennahdha. « Sous son apparente assurance, Youssef Chahed se cherche et se rend bien compte que ses appuis sont précaires voire versatiles », analyse un député d’Afek Tounes.

Ambition politique

On reproche au locataire de la Kasbah d’avoir de l’ambition politique et trop de fers au feu. Il est également accusé d’occulter, à coup de prévisions positives, une situation économique qui se dégrade de jour en jour et des libertés menacées.

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En moins de six mois, Chahed s’est attiré de nombreuses inimitiés, dont celles de la centrale syndicale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Certains estiment que le chef du gouvernement a fait des tensions avec le président de la République, Béji Caïd Essebsi, un problème personnel qu’il règle via Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes.

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En mai 2018, Chahed avait accusé Hafedh Caïd Essebsi d’être responsable du délitement de Nidaa Tounes. Certains rappellent que c’est pourtant bien lui qui a organisé l’ascension au sein du parti de Hafedh Caïd Essebsi, à la faveur du congrès de Sousse, en 2016.

Le gel de son adhésion et le renvoi des députés qui avaient quitté le groupe parlementaire de Nidaa Tounes pour la Coalition nationale éloigne la possibilité d’un passage en force pour prendre les commandes du parti. S’il devait être candidat, Youssef Chahed devrait se retirer du gouvernement et aurait alors besoin de la structure d’une formation politique. Créera-t-il le 214e parti du pays ?

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