Navanethem Pillay
La nouvelle haut-commissaire de l’ONU est la première Africaine à occuper ce poste. Elle siégeait auparavant à la Cour pénale internationale.
A l’école, déjà, la question la passionnait. Ses professeurs n’ont jamais oublié cette dissertation sur « le rôle des femmes en Afrique du Sud », dans laquelle elle recommandait que les mères inculquent les droits de l’homme à leurs enfants. Depuis, Navanethem Pillay n’a jamais cessé de défendre les droits de l’hommeÂÂÂ et de la femme.
Il n’est donc guère surprenant que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ait choisi, le 24 juillet, cette magistrate sud-africaine, qui siégeait jusque-là à la Cour pénale internationale (CPI), pour occuper la fonction la plus prestigieuse de l’organisation internationale : haut-commissaire aux droits de l’homme. Un poste précédemment dévolu à la Canadienne Louise Arbour. Issue de la minorité tamoule d’Afrique du Sud, Navanethem Pillay, aujourd’hui âgée de 68 ans, a grandi sous le régime de l’apartheid.
La lycéenne est brillante. Mais son père, modeste chauffeur de bus, n’est pas en mesure de lui payer ses études à l’université du Natal. Qu’importe : la jeune Navanethem organise une collecte dans son quartier et parvient à s’inscrire à la faculté. Sur les bancs de celle-ci, elle est contrainte de s’asseoir avec les « non-Blancs » – ses traits sont indiens et sa peau est très sombre. Depuis, elle s’est toujours proclamée « noire ».
Son diplôme en poche, la jeune avocate ouvre son cabinet. Elle est la première femme à le faire en Afrique du Sud. Pas par choix féministe, ni même par provocation, mais parce qu’en 1967 personne ne voulait employer une femme de couleur. En toute logique, elle se spécialise dans les procès anti-apartheid et défend de nombreux militants de l’ANC. Parmi eux, celui qui deviendra son mari.
En 1981, Navanethem Pillay part étudier le droit international à l’université Harvard, aux États-Unis. À son retour en Afrique du Sud, en 1995, elle est nommée à la Cour suprême du pays. Là encore, elle est la première à atteindre ce poste. Si l’apartheid a pris fin, les discriminations que subissent les femmes demeurent. Dans ses conférences, Navanethem Pillay aime à raconter qu’à cette époque, sur la porte des toilettes de la haute juridiction, il n’était pas inscrit « hommes » et « femmes », mais respectivement « juges » et « secrétaires »Â De quoi faire bondir cette militante de la cause des femmes qui, trois ans plus tôt, a fondé le mouvement « Égales maintenant ! », encore très actif aujourd’hui.
Toujours en 1995, la magistrate est envoyée par les Nations unies à Arusha, en Tanzanie, pour participer au Tribunal pénal international pour le Rwanda. Instance qu’elle présidera de 1999 à 2003. Peu médiatisés, les procès qu’elle conduit ont pourtant bouleversé les règles du droit international : le viol et les agressions sexuelles font désormais partie des éléments constitutifs d’un génocide.
En 2003, elle est élue à la Cour pénale internationale de La Haye. Un aboutissement pour cette femme qui ne se sépare jamais de la déclaration du procureur américain à l’ouverture du procès de Nuremberg. Un engagement qu’elle poursuivra maintenant à Genève, où, première Africaine à accéder à ce poste, elle conseillera directement le secrétaire général des Nations unies sur les questions des droits de l’homme.
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