Algérie : l’inamovible patron de l’UGTA évoque la possibilité de son départ

Révélant être atteint d’un cancer, Abdelmadjid Sidi Saïd a laissé entendre le 16 septembre qu’il pourrait quitter l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qu’il dirige depuis 1997, à l’issue du prochain congrès prévu au cours de l’année 2019.

Abdelmadjid Sidi Saïd, ancien patron de l’UGTA, le 16 septembre 2018. © Capture écran/YouTube/Algérie Bladna

Abdelmadjid Sidi Saïd, ancien patron de l’UGTA, le 16 septembre 2018. © Capture écran/YouTube/Algérie Bladna

Publié le 17 septembre 2018 Lecture : 3 minutes.

« [Les médias] disent que je suis retraitable, partant et malade. Je ne le cache à personne. Je souffre d’un cancer que je soigne ». Alors que Abdelmadjid Sidi Saïd prononçait son discours, le dimanche 16 septembre lors d’une réunion à Alger avec les cadres de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ses collaborateurs lui rapportent que les chaînes de télévision Ennahar et El Bilad ont instantanément annoncé son départ.

Il faut songer à ceux qui prendront la relève

Le patron de la Centrale syndicale s’offusque : « Je viens d’annoncer que je suis malade et ils parlent déjà de mon départ. Non, je ne pars pas tout de suite. Mais à partir d’aujourd’hui, il faut songer à ceux qui prendront la relève. Me concernant, si le congrès décide de mon départ, je partirai et céderai ma place. »

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Soutien à Bouteflika

Sidi Saïd a également avoué à ses proches avoir déjà demandé aux autorités compétentes une évaluation de sa carrière professionnelle. Mais pas question pour autant de quitter le navire avant la tenue du scrutin présidentiel d’avril prochain.

La direction de l’UGTA s’est d’ailleurs déclarée, le même jour, mobilisée « autour de l’appel du président de la République pour construire un front populaire solide » contre ceux qui s’opposent à l’option d’un nouveau mandat présidentiel pour Bouteflika. Avec Sidi Saïd, la Centrale syndicale a joué un rôle majeur dans le maintien du système et les réélections successives du président algérien.

Âgé de 69 ans et souffrant d’un cancer de la gorge qui s’ajoute à une ancienne pathologie cardiaque, le patron de l’organisation syndicale est très affaibli. « Il aurait volontiers immédiatement pris sa retraite si les cercles du pouvoir lui avaient trouvé un successeur », confie un membre du secrétariat national.

Nous sommes fiers d’appartenir au pouvoir », a déclaré Sidi Saïd

Successeur inconnu

Pour l’instant, aucun nom ne circule pour succéder à celui qui détient un record de longévité à la tête de l’UGTA, qu’il dirige depuis l’assassinat d’Abdelhak Benhamouda, son charismatique chef, en janvier 1997.

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Deux jours avant les révélations de Sidi Saïd, Djamel Ould Abbès, le secrétaire général du Front de libération national (FLN), avait demandé à son ami de poursuivre sa mission à la tête de ce syndicat. Les deux hommes devraient d’ailleurs se rencontrer au cours de la semaine pour parler de la gestion du front social, à l’approche de l’échéance présidentielle.

Proche du pouvoir

Proche des cercles du pouvoir et ami d’Ali Haddad, le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE, patronat), Abdelmadjid Sidi Saïd assume ouvertement la connivence de son organisation avec le pourvoir. « Nous sommes fiers d’appartenir au pouvoir. Nous ne le vivons pas comme un complexe d’infériorité, mais comme un complexe de supériorité », a-t-il ainsi martelé à la clôture du dernier congrès de l’organisation syndicale.

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en février 1949 à Aïn El Hammam, Sidi Saïd a commencé sa carrière syndicale en gérant la fédération de Tizi Ouzou, avant de rejoindre le secrétariat national de l’UGTA. Succédant à Benhamouda en 1997, il prend les rênes en initiant diverses grèves qui ont marqué le secteur public, notamment les ouvriers industriels en 1998.

Il perd son âme de syndicaliste de la première heure au fur à mesure qu’il se rapproche des milieux des décideurs. Il adopte une nouvelle politique dès le début des années 2000 : le dialogue, à la place de la grève. L’homme s’est montré ces dernières années résolument hostile à toute action de débrayage, lui valant ainsi le surnom de « pompier ».

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