À Alger, Angela Merkel évoque le rapatriement des harragas algériens
La chancelière allemande Angela Merkel a fait une courte visite à Alger le 17 septembre. Au programme : l’expulsion des Algériens en situation irrégulière et l’audience avec le président Abdelaziz Bouteflika.
Comme l’a fait le président Emmanuel Macron en visite à Alger en décembre 2017, la chancelière allemande Angela Merkel a effectué un bref séjour dans la capitale algérienne lundi 17 septembre, avant de regagner Berlin dans la soirée. Et cette fois-ci, il n’y a pas eu de couacs liés à la santé du président Abdelaziz Bouteflika, contrairement au déplacement de la chancelière à Alger prévu le lundi 20 février 2017, finalement annulé à la dernière minute en raison d’une « bronchite aiguë » dont avait été victime le chef de l’État algérien.
Deux sujets ont retenu l’attention de cette visite de la chancelière en Algérie, dont la dernière remontait à juillet 2008 : l’immigration et l’audience avec Bouteflika. L’Allemagne est en effet le quatrième pays fournisseur de l’Algérie avec 3,2 milliards de dollars par an.
Angela Merkel est notamment partie en Algérie pour régler le problème des Algériens en situation irrégulière. Sur ce chapitre, elle a obtenu satisfaction. Le gouvernement algérien a accepté de rapatrier ses ressortissants, uniquement selon certaines conditions.
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« Il y a un certain nombre de règles sur lesquelles nous sommes en parfait accord avec les autorités allemandes, a expliqué Ahmed Ouyahia, le Premier ministre algérien, en conférence de presse conjointe. Premièrement, il faut une identification pour savoir s’il s’agit d’Algériens. Nous le faisons très bien. Nous allons le faire à l’avenir d’une manière plus efficace puisque chez nous le fichier de l’identité est informatisé et les empreintes digitales sont numérisées. Cela va nous permettre d’aller plus vite. Deuxièmement, il y a au moins 700 laissez-passer auprès de nos missions consulaires en Allemagne qui attendent les concernés pour en bénéficier et revenir. »
Demandes rejetées
Quelque 40 000 Algériens vivent légalement en Allemagne. Le nombre de ceux qui y sont entrés illégalement varient selon les sources. La presse allemande évoque le chiffre de 7 500 demandeurs d’asile en provenance d’Algérie. Selon le registre central des étrangers (Ausländerzentralregister), 3 684 Algériens doivent quitter l’Allemagne suite au rejet de leur demande d’asile, et 1 500 autres sont en attente de réponse. Depuis le début de l’année 2017, 850 ressortissants ont été renvoyés en Algérie.
2 % des demandes introduites par les Algériens sont acceptées
Ce pays étant considéré comme « sûr » par l’Allemagne, les demandes des Algériens sont presque systématiquement rejetées. Seulement 2 % des demandes introduites par les Algériens sont acceptées. Les Allemands jugent que ces derniers arrivent en Allemagne pour des raisons économiques et non pour fuir les persécutions de la part des autorités algériennes.
Après avoir ouvert les vannes en 2015 en accueillant plus de 800 000 migrants, le gouvernement allemand a décidé de serrer les vis en augmentant le nombre d’expulsés en situation irrégulière. C’est d’autant vrai qu’un sondage publié en juin dernier indique que près de 90 % des Allemands veulent une accélération des expulsions d’étrangers en situation irrégulière.
L’état de santé de Bouteflika scruté
Deuxième séquence attendue de cette visite, l’audience accordée par le président algérien dans sa résidence de Zeralda, dans le littoral ouest d’Alger. C’est la première fois que Abdelaziz Bouteflika, âgé de 81 ans et lourdement handicapé par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral en 2013, y reçoit un hôte étranger depuis le 3 avril dernier, date à laquelle il s’était entretenu avec l’ex-Premier ministre espagnol.
Assis à côté de Merkel, Bouteflika était presque immobile et peinait à trouver ses mots
Comme de coutume, rien n’a filtré de cette audience à laquelle les journalistes ont été interdits d’accès. Les rares images diffusées sous contrôle de la télévision d’État algérien ont montré que l’état de santé du président ne s’est pas amélioré en dépit des déclarations rassurantes des responsables algériens. Assis à côté de Merkel, Bouteflika était presque immobile et peinait à trouver ses mots.
L’état de santé de Bouteflika, qui a séjourné du 27 août au 1er septembre dans un hôpital suisse pour des « examens médicaux périodiques », est scruté avec attention, aussi bien par ses compatriotes que par les partenaires étrangers tant il revêt une importance capitale pour l’avenir de l’Algérie.
Bien qu’il ne se soit pas encore prononcé sur son avenir politique et ne le fera sans doute pas avant le début de l’année prochaine, tout porte à croire qu’il sera candidat à un cinquième mandat lors de la présidentielle de 2019. En tout cas, ses soutiens politiques comme le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND), le syndicat UGTA ou encore le patronat réuni autour du Forum des chefs d’entreprise (FCE), le sollicitent avec insistance.
L’Allemagne demande des assurances en cas de nouveau mandat
Va-t-il succéder à lui-même en dépit de son âge avancé et d’une santé très fragile ? Ce qui était valable lors du quatrième mandat en 2014 pourrait l’être encore pour le cinquième.
Si Bouteflika est fidèle à sa réputation d’homme imprévisible, la chancelière allemande serait porteuse d’un message de l’Union européenne. Selon des indiscrétions à Alger, Angela Merkel aurait demandé des assurances sur la stabilité du pays même en cas d’un cinquième mandat de Bouteflika.
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