Les Bourses du continent doivent s’ouvrir à l’international

Publié le 28 juillet 2008 Lecture : 3 minutes.

Pari tenu. Contrairement aux prévisions de certains Cassandre du monde de la finance, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dispose aujourd’hui d’un marché financier régional fonctionnel. La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) fêtera en septembre ses 10 ans. Le bilan est flatteur, mais la BRVM a encore du chemin à parcourir pour prétendre atteindre le niveau des grandes places internationales. L’affaire n’est pas simple. La culture boursière ne s’est pas encore installée. Conséquence : pas assez d’émissions, un volume d’échanges relativement faible et une liquidité largement insuffisante.
La capitalisation du plus important conservateur de la zone UEMOA, la Société générale des banques de Côte d’Ivoire (SGBCI) ainsi que l’insuffisance des volumes échangés sur la valeur phare d’Abidjan, la Sonatel, sont encore en dessous des normes internationales. Conséquence, les grands fonds anglo-saxons, dont la présence fait la réputation des places financières, ne peuvent pas y investir. Cela constitue un handicap dommageable pour tous les investisseurs.

Que faire ? Des solutions techniques assez simples existent aujourd’hui. C’est le cas du Global Depositary Receipt (GDR). Ce certificat négociable d’actions créé par une banque dépositaire (Bank of New York, par exemple) représente un nombre spécifique d’actions cotées à la Bourse d’un pays donné (BRVM, par exemple). Ce certificat peut s’échanger sur de grandes places boursières comme Londres ou New York. Ainsi, des actions à grand potentiel cotées à une Bourse d’envergure locale peuvent être introduites à des Bourses de classe mondiale.
Les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine) font déjà une utilisation massive de ces GDR et détiennent aujourd’hui une vaste part de marché de cette nouvelle industrie. Les GDR sont également utilisés en Afrique du Sud et en Égypte, notamment par Orascom à la Bourse du Caire. L’Afrique de l’Ouest commence à suivre le mouvement. Ainsi, le groupe Ecobank, coté à Lagos, Accra et Abidjan, vient de lancer avec la Deutsche Bank le processus de création de son GDR, dans le cadre de son augmentation de capital de 2,5 milliards de dollars.

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Cet instrument permet aux investisseurs de maximiser la valorisation de leurs actions en limitant la décote dont souffrent les valeurs venant des marchés peu liquides. En Égypte, par exemple, la liquidité d’une valeur comme Orascom a été multipliée par six grâce à l’utilisation des GDR. Une pareille amélioration serait donc la bienvenue pour la BRVM. Les investisseurs ne seront pas les seuls à en profiter. En accédant aux marchés financiers les plus exigeants, les entreprises de la sous-région améliorent fortement leur visibilité internationale. Les entreprises indirectement cotées à New York ou à Londres sont suivies par les investisseurs et des analystes spécialisés dans leurs secteurs d’activité. L’attention accrue des grands investisseurs contribue à renforcer la crédibilité de l’entreprise cotée, mais aussi celle du marché financier dans son ensemble. Cette publicité n’est pas à négliger à l’heure où nos États cherchent à attirer les investisseurs.
Une question toutefois mérite d’être posée : ces opérations ne vont-elles pas remettre en question la pérennité d’une Bourse comme la BRVM, une société privée, en lui ôtant le pain de la bouche et notamment ses plus belles valeurs ? La réponse est non ! Ces instruments vont au contraire créer du chiffre d’affaires pour la Bourse locale. Il faut bien que les actions soient achetées à Abidjan avant d’être transformées et échangées à Londres ou à New York. En réalité, ces instruments permettraient d’augmenter le niveau d’activité de la BRVM, tout en renforçant son attractivité internationale. Cadeau idéal pour un dixième anniversaire.

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