Grand-messe continentale en Mauritanie

Nouakchott accueillera, les 1er et 2 août, le sommet annuel de l’African Caucus. Au menu : les nouveaux bailleurs du continent.

Publié le 28 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Nouakchott va devenir la capitale de la finance africaine le temps d’un week-end. Les 1er et 2 août prochain, la Mauritanie accueillera l’African Caucus, la réunion annuelle du groupe qui porte son nom au sein duquel siègent les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales des 53 pays du continent africain. Depuis octobre dernier, Ousmane Kane, le gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, en assure la présidence pour deux ans, et entend bien faire de ce sommet une édition à part.
Habituellement, l’African Caucus, qui s’est tenu en 2007 à Maputo, au Mozambique, se cantonne en effet à remettre au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale un mémorandum de doléances. Mais cette année, ses organisateurs ont prévu de consacrer une journée entière à des débats sur le rôle des nouveaux bailleurs de l’Afrique, à savoir la Chine, l’Inde, le Brésil ou les fonds souverains arabes.
« Nous voulons qu’une déclaration soit adoptée à la fin de la réunion, dans laquelle les pays africains parlent d’une seule et même voix sur la question du surplus de conditionnalité que leur imposent les institutions de Bretton Woods quand il s’agit de financer le développement du continent, explique Ousmane Kane. Nous souhaitons aussi engager une réflexion sur le manque de transparence de certains investissements, notamment en provenance de Chine. »
Et pour cause. « Entre puissances économiques occidentales et chinoises, l’approche du développement diffère », relève Abdallahi Ould Mohamed, professeur d’économie à l’université de Nouakchott. Qui poursuit : « Contrairement au FMI et à la Banque mondiale, les Chinois [dont le montant des investissements directs l’étranger (IDE) en Afrique est passé de 49 millions de dollars en 1990 à 1,6 milliard en 2005, NDLR] ne conçoivent pas le développement par l’octroi de crédits. Leur approche est plus pragmatique : elle consiste à exécuter des projets concrets et à construire des infrastructures. » La Mauritanie en est un exemple éloquent : Pékin a construit le stade olympique et de nombreux bâtiments officiels dans la capitale, et va encore financer l’extension prochaine du port de Nouakchott – baptisé port de l’Amitié, en référence aux relations sino-mauritaniennes.
À en croire la liste des invités qui seront présents, le thème retenu pour l’African Caucus 2008 semble retenir l’attention du plus grand nombre. Les réunions seront ainsi dominées par les interventions de grands noms de la finance internationale, telles celles du directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, ou de Chen Yuan et d’Ahmed Mohamed Ali, respectivement gouverneur de la Banque de développement de Chine et président de la Banque islamique de développement (BID). Côté africain, plus d’une trentaine de pays – sur les 53 recensés sur le continent -, parmi lesquels des poids lourds comme l’Algérie, l’Afrique du Sud ou le Nigeria, participeront aux débats. Une présence nécessaire, selon certains observateurs, pour que la voix du continent africain ne peine plus à se faire entendre.

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