grains de folie
Pour satisfaire à un rite bien établi, les journalistes de Jeune Afrique ont choisi un livre qui les a marqués cette année. Résultat : beaucoup de valeurs sûres et quelques agréables pépites pour vos lectures de vacances.
Polar et conte de fées
Dix-sept chaussures. Avec des pieds à l’intérieur. Déposées devant le célèbre cimetière londonien de Highgate, haut lieu romantique et gothique. C’est le point de départ du onzième roman de Fred Vargas et de la nouvelle enquête du commissaire Adamsberg. À Londres pour un colloque sur l’harmonisation des flux migratoires, il rentre à Paris pour y disséquer un autre crime qui le conduit en Serbie, sur les traces d’un vampire. L’intrigue n’avance pas droit, tortueuse et fluide, de folie en logique, comme ses personnages. Des originaux, attachants dans leurs silences comme dans leurs dialogues surréalistes. Cécile Manciaux
Un lieu incertain, de Fred Vargas, Éditions Viviane Hamy, 390 pages, 18 euros.
Saga suédoise
Près de 2 000 pages. Et pourtant. Si l’on accroche d’entrée à l’intrigue, elles s’avalent d’une traiteÂÂÂ à condition d’enchaîner les nuits blanches. Mais c’est un régal. Difficile de résister à trois titres aussi étranges qui nourrissent la curiosité : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette et La Reine dans le palais des courants d’air. Le lien entre les trois volumes ? Les deux héros : Mikael Blomkvist, un journaliste d’investigation, et Lisbeth Salander, génie de l’informatique, déclarée psychopathe. Bien plus qu’un polar, ce triptyque suédois est un portrait très fouillé de la société actuelle, où il est question d’espionnage, de mondialisation, de prostitution, de politique et de magouilles économiques. Jean-Michel Meyer
Millénium, de Stieg Larsson, Actes Sud, tome I, 574 pages, 22,80 euros ; tome II, 652 pages, 23 euros ; tome III, 710 pages, 23 euros.
C’est déjà demain
Un récit saisissant des bouleversements auxquels nous devons nous attendre dans les cinquante prochaines années. L’ancien conseiller spécial de François Mitterrand (1981-1991) décrit un avenir inquiétant, peuplé de 200 millions « d’éco-réfugiés » et dominé par l’expansion de la « démocratie de marché », allant jusqu’à la marchandisation du temps et du corps. Mais aussi « l’hyperconflit », qui implique le choc armé de cultures, de politiques, de religions, entre des États ou des groupes en lutte pour le contrôle des flux financiers, de l’énergie ou de l’eau. Paru initialement en 2006 chez Fayard, cet essai est sorti en poche au début de l’année. Georges Dougueli
Une brève histoire de l’avenir, de Jacques Attali, LGF, 312 pages, 6,50 euros.
La caissière et la mouche grecque
Qui n’a jamais rêvé de vivre plusieurs vies ? D’être, par exemple, un psychanalyste, une caissière de supermarché, un jouet fabriqué en Chine ou une mouche grecque ? C’est ce que fait le narrateur, un jeune cadre qui, plutôt désabusé sur son sort, finit par s’intéresser à celui des autres. À travers une épopée stylistique (le roman est entièrement écrit au conditionnel), Jean Grégor déroule la trame de ces microexistences où l’insignifiance côtoie le dérisoire. Ce jeu de miroir nous renvoie l’image, ironique et cruelle, de la société de consommation et du monde d’aujourd’hui. Pas toujours beaux à regarder, mais très souvent jubilatoires. Joséphine Dedet
Tu aurais pu, de Jean Grégor, Balland, 179 pages, 18,90 euros.
Érotisme et onirisme nippons
Des enfants s’évanouissent mystérieusement lors d’une balade en forêt, un vieil homme converse comme si de rien n’était avec tous les chats qu’il croise, un jeune homme nommé Kafka Tamura fuit une prophétie qui aurait sa place dans une tragédie grecque, un sympathique bibliothécaire se révèle être un androgyne « hermaphrodite homosexuel et hémophile », et, pour couronner le toutÂÂÂ il pleut des poissons ! La spécialité de Murakami, c’est de faire dérailler le quotidien pour nous perdre dans un monde fantastique où l’onirisme le dispute à l’érotisme. Et l’on se laisse entraîner avec joie dans un pays étrange où les rêves les plus doux comme les plus cruels ont droit de cité.
Nicolas Michel
Kafka sur le rivage, de Haruki Murakami, 10/18, 642 pages, 9,40 euros.
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