« Gouverner, c’est prévoir »

Publié le 28 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Il y a fort à parier que les dirigeants marocains ont repris à leur compte la formule d’Émile de Girardin. « Gouverner, c’est prévoir », analysait à la fin du XIXe siècle le journaliste, publiciste et homme politique français. Depuis, l’histoire économique lui a donné raison et les exemples de bonne gouvernance placée sous le signe de l’anticipation sont légion dans les manuels scolaires. Aux États-Unis, après la crise de 1929, le président Franklin Roosevelt a misé sur l’interventionnisme d’État afin de rétablir l’équilibre monétaire, relever le prix des produits agricoles et promouvoir les investissements industriels. Le New Deal a ainsi remis la puissance américaine sur les rails. Durant les années 1960, le général de Gaulle a dessiné les contours d’une France industrielle et agricole. Même si ses successeurs n’ont pas eu la même audace, les Français tirent encore profit de cette vision, à défaut d’avoir totalement intégré les nouvelles contraintes d’une mondialisation subie.
En Chine, les maîtres de Pékin ont, dès le début des années 1980, délibérément délaissé la doctrine socialiste et remisé leur petit livre rouge afin d’entreprendre l’ouverture économique indispensable pour nourrir plus d’un milliard d’individus. « Peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape la souris », déclarait Deng Xiaoping dont le mot d’ordre était : « Enrichissez-vous. » Le moins que l’on puisse dire est qu’il a été entendu. Et au Maroc ?
Depuis son intronisation en 1999 et profitant d’une dynamique initiée par son père, Hassan II, le roi Mohammed VI a accéléré les réformes nécessaires à la modernisation du pays. Tous les secteurs d’activité ont fait l’objet de cette attention, doublée d’une exigence de résultats. Et ce malgré les inerties administratives et les lourdeurs héritées du passé. Mais avoir une volonté est une chose, encore faut-il définir une stratégie et proposer une feuille de route. De ce point de vue, les nombreux plans initiés par le palais royal étaient, sans nul doute, l’une des méthodes les plus efficaces pour donner une perspective au pays.
Certes, l’affichage politique n’est jamais absent, la mobilisation des énergies à grand renfort de colloques fait partie de la panoplie, et la persuasion des esprits entre dans les techniques de communication. Mais les effets sont palpables. Aiguillonnée par les plans Émergence et Envol lancés en 2005, l’industrie représente désormais près de 20 % du produit intérieur brut (PIB). Avec un objectif placé à 25 % d’ici à 2016. Plus de 100 000 nouveaux logements sont également construits chaque année sous l’impulsion, notamment, du programme « Villes sans bidonvilles », lancé en 2004. Quant aux 7,4 millions de touristes venus l’an dernier, ils l’ignorent sans doute mais le nouveau chantier « Vision 2020 » met tout en oeuvre pour que leur séjour soit, demain, des plus plaisants.

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