Etats d’âme
Pour satisfaire à un rite bien établi, les journalistes de Jeune Afrique ont choisi un livre qui les a marqués cette année. Résultat : beaucoup de valeurs sûres et quelques agréables pépites pour vos lectures de vacances.
Le vieil homme et la mort
La marque de fabrique de l’écrivain américain Philip Roth ? Sa propension à mêler fantaisie romanesque et autobiographie. Dans son dernier ouvrage traduit en français, un roman court en forme de testament sobrement intitulé Un homme, le prolifique septuagénaire retrace avec élégance et lucidité la vie presque ordinaire d’un homme en fin de vie.
Roth met ainsi en scène – avec une étonnante justesse – un héros anonyme en quête d’expiation confronté aux maux de la vieillesse que sont la maladie, la solitude et la peur de la mort. « Parce que l’expérience la plus intense, la plus perturbante de la vie, c’est la mort. Parce que la mort est tellement injuste. Parce qu’une fois qu’on a goûté à la vie, la mort ne paraît même pas naturelle. » nClaire Labat
Un homme, de Philip Roth, Gallimard, 153 pages, 15,50 euros.
Simone de Beauvoir revisitée
« Castor de guerre » est le surnom que Simone de Beauvoir s’était donné à son entrée dans la vie adulte. Partant de ces trois mots révélateurs des combats que cette intellectuelle a menés tout au long d’une vie riche en réflexions et en passions, Danièle Sallenave brosse un portrait lumineux de la papesse du féminisme français, à l’occasion du centenaire de la naissance de celle-ci. À la fois admiratif et critique, ce récit magistral car lucide donne à voir les forces, les radicalités, mais aussi les aveuglements d’une des intellectuelles françaises les plus importantes du XXe siècle. Enfin, la grande réussite de ce livre réside indubitablement dans l’envie qu’il insuffle aux lecteurs de vouloir prolonger le bonheur de leur découverte en se plongeant dans l’ÂÂÂuvre de Beauvoir. n
Tirthankar Chanda
Castor de guerre, de Danièle Sallenave, Gallimard, 606 pages, 25 euros.
La solitude de l’exil
« Un homme coincé entre deux mondes vit et meurt seul. » La solitude de l’exil, c’est ce que raconte l’Éthiopien Dinaw Mengestu dans son premier roman. Le jeune écrivain, qui a grandi aux États-Unis, tente de comprendre l’histoire de ses parents, débarqués dans un pays où tous les rêves sont promis et trop souvent déçus. Sépha, le narrateur, a quitté l’Éthiopie et vit depuis quinze ans dans un quartier noir de Washington. Avec deux amis africains, il joue à un drôle de jeu : faire l’inventaire des dictateurs du continent. Une manière de se remémorer le passé et d’expliquer sa présence dans cette Amérique matérialiste qu’il « hait de tout son cÂÂÂur » et qui ne lui ressemble pas. Dans une écriture attachante par sa douceur, Mengestu nous confie les pensées de son personnage dont la vie entière est construite sur ce paradoxe. Aussi énigmatique au lecteur qu’à lui-même. nSophie Bouillon
Les Belles Choses que porte le ciel, de Dinaw Mengestu, Albin Michel, 280 pages, 19 euros.
Sur la route de l’espoir
Un roman à la poésie envoûtante, existentielle, dont le récit fait bien plus que raconter une histoire car il semble être à l’écoute de celui qui le lit. Les critiques ne s’y sont pas trompés. À 95 ans, l’écrivain, poète et psychanalyste belge Henry Bauchau signe son plus grand succès littéraire et remporte, avec Le Boulevard périphérique, le prix 2008 du Livre Inter. Alors qu’il se rend au chevet de sa belle-fille mourante, le narrateur navigue dans les souvenirs d’une amitié brisée par les turpitudes de la Seconde Guerre mondiale. Il suit alors une quête intérieure qui l’amène à découvrir un « amour de la vie mystérieusement éveillée à sa condition mortelle ». Une ÂÂÂuvre comme un chant d’espérance, aussi fragile qu’intemporelle. n
Pierre-François Naudé
Le Boulevard périphérique, d’Henry Bauchau, Actes Sud, 254 pages, 19,50 euros.
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