DSK au rapport
Entre le Maroc et Dominique Strauss-Kahn, c’est une vieille histoire d’amour. Le dirigeant socialiste français a passé son enfance à Agadir, compte de nombreux amis marocains et possède à Marrakech une splendide maison où il séjourne régulièrement. Les 29 et 30 juillet, il se rendra de nouveau dans le royaume, cette fois très officiellement, en tant que directeur général du Fonds monétaire international (FMI).
Le premier jour, il rencontrera à Rabat Salaheddine Mezouar, le ministre de l’Économie et des Finances, et Abdellatif Jouahri, le gouverneur de la Bank Al-Maghrib. Le lendemain, à Fès, il sera l’invité de Mohammed VI lors de la fête du Trône, qui marque le neuvième anniversaire de l’arrivée de celui-ci au pouvoir. Enfin, il participera à un déjeuner offert par le Premier ministre, Abbas El Fassi.
DSK présentera à ses hôtes le Pakistanais Massood Ahmed, nouveau responsable du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au FMI. Puis leur communiquera les conclusions de ses experts, qui, au mois de mai, ont procédé à une revue de détail de l’économie marocaine. Dieu merci, celle-ci se porte bien !
« Le royaume continue de récolter les fruits des réformes accomplies, notamment la mise en ÂÂÂÂuvre de politiques économiques et financières saines. D’importants progrès ont été réalisés ces dernières années en ce qui concerne la stabilité de l’environnement macroéconomique, la résilience de l’économie aux chocs et le renforcement de la position budgétaire. Ces acquis placent les pouvoirs publics dans une position relativement favorable pour faire face à la hausse durable des cours des matières premières », lit-on en préambule du rapport remis aux autorités.
Le taux de croissance devrait être cette année supérieur à 6 %. Surtout, l’essor de l’industrie et des services rend l’économie marocaine de moins en moins dépendante de l’agriculture, donc des aléas climatiques. Plus ouvert sur le monde, le royaume voit ses échanges commerciaux augmenter à un rythme très rapide. Et la politique touristique (7 millions de visiteurs en 2007) ainsi que les envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) permettent de combler le déficit commercial creusé par la hausse des cours du pétrole. Compte tenu de l’importance des investissements directs étrangers, les réserves extérieures se sont même accrues de 4 milliards de dollars en 2007. À la fin de cette même année, elles s’élevaient à 24 milliards de dollars, soit l’équivalent de 6,8 mois d’importations de biens et services.
Tout irait donc pour le mieux sans cette maudite crise de l’énergie. La flambée des cours du pétrole et des produits agricoles a relancé l’inflation (3,7 % au cours des douze derniers mois) et fait exploser le budget de la Caisse de compensation chargée de maintenir les prix à un niveau soutenable pour les ménages.
« À terme, cela pourrait mener à des déficits plus élevés et mettre fin au mouvement de réduction de la dette publique [passée de 62 % du PIB en 2005 à 55 % l’an dernier, NDLR] », prévient le FMI. Les augmentations de salaires consenties par le gouvernement le 1er juillet accroissent également le risque inflationniste.
Enfin, alors que les prêts à la consommation et dans l’immobilier se développent rapidement avec les progrès de la « bancarisation » et l’émergence d’une classe moyenne, les experts de Bretton Woods appellent les autorités à redoubler de vigilance et à multiplier les contrôles.
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