Comment prévenir la panne
La facture énergétique explose. L’urgence est de sécuriser l’approvisionnement, diversifier la production et rationaliser la consommation.
L’équilibre est fragile et menace de se rompre à tout moment : le Maroc accuse un important retard en infrastructures, alors que la demande en électricité, tirée par le développement industriel et l’équipement de plus en plus important des ménages, augmente de 8 % par an. L’équivalent de la consommation annuelle d’une ville comme RabatÂ.
Les solutions ne sont cependant pas légion, car le pays dépend de l’extérieur pour 96 % de ses besoins et subit la flambée du prix des hydrocarbures. La facture énergétique a culminé à 51,7 milliards de DH en 2007 (8,4 % du PIB) et devrait dépasser les 65 milliards en 2008. La ministre de l’Énergie, Amina Benkhadra, n’a donc pas créé la surprise, le 8 juillet, en présentant sa stratégie, dont l’objectif premier est de sécuriser l’approvisionnement.
À court terme, le charbon restera au coeur de la production électrique du pays. Le projet de centrale thermique devrait voir le jour à l’horizon 2012 et permettra, à terme, de satisfaire 27 % des besoins. En outre, depuis 2005, le Maroc a introduit dans son système énergétique le gaz naturel, qui contribue déjà à 13 % de la production électrique du pays, et dont l’objectif est de combler 23 % de la demande d’ici à 2020. Mais, pour l’heure, le débat achoppe sur le choix du site qui accueillera le terminal gazier.
Enfin, le pays veut jouer la carte des énergies renouvelables. « Le Maroc a un important potentiel en énergies renouvelables, commente Amal Haddouche, directrice du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER). Avec plus de 3 000 heures de soleil par an dans le Sud, nous bénéficions d’une situation propice à l’énergie solaire. Quant à l’éolien, il pourrait représenter une production de 7 000 MW à l’horizon 2020. Mais il reste beaucoup à faire pour utiliser au mieux ces ressources. » Les énergies renouvelables ne pèsent en effet pas bien lourd dans le bilan énergétique : à peine 4 %. Cette part devrait monter à 10 % d’ici à 2012, avec la mise en place de quatorze parcs éoliens et la construction d’une centrale thermosolaire à Aïn Beni Mathar (dans l’Est), dont les travaux ont été lancés en mars 2008.
Autre cheval de bataille : l’efficacité énergétique. Pour rationaliser la consommation, l’État compte impliquer davantage les industriels et les particuliers, notamment en encourageant la tarification « heures creuses », « pointe », « super-pointe », ainsi que le recours aux énergies renouvelables. Il promeut également l’installation de chauffe-eau solaires et de lampes à basse consommation, en commençant par les généraliser dans les administrations et les collectivités locales. Toutes ces mesures doivent permettre de tenir le coup côté énergie si la croissance continue de suivre un rythme modéré. Mais si ses ambitions d’un développement plus important se concrétisent, le Maroc n’aura alors que deux choix possibles : « Il faudra jouer la carte de l’intégration régionale, aussi bien avec l’Europe qu’avec les autres pays de la zone, confirme Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan. Reste aussi l’option du nucléaire. » Qui paraît en effet de plus en plus incontournable et est déjà à l’étude entre le français Areva et les autorités. Mais un tel projet ne pourrait voir le jour avant 2020. D’ici là, les Marocains vont devoir s’habituer à économiser.
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