Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 9 minutes.

Nous tenons à nos racines africaines
Vous parlez très négligemment d’un sujet très sensible, « le racisme des Maghrébins envers les Africains ». Dans l’introduction, François Soudan écrit : « Or, qu’ils le veuillent ou non, le Sahara n’étant qu’un océan de sable, les Maghrébins sont des Africains. » Cela laisse penser qu’ils ont toujours nié leur appartenance à l’Afrique. C’est faux. La meilleure preuve est que nous avons accueilli la Coupe d’Afrique des nations plusieurs fois. Les Tunisiens ont aussi accueilli fièrement la Banque africaine de développement, ce qui montre que l’on tient vraiment à nos racines africaines. Enfin, le racisme est un phénomène présent dans tous les pays, y compris dans les pays subsahariens. Il suffit de regarder l’article sur la Côte d’Ivoire publié dans votre n° 2185, page 39, qui montre un homme levant un panneau sur lequel il a écrit « Je suis xénophobe et après ? »

Tabarka : fantasmes et réalités
L’article de Ridha Kéfi sur Tabarka (J.A.I. n° 2265) démarrait bien en brossant un tableau clair et honnête de l’histoire de cette très belle ville et de ses festivals.
Malheureusement, dès la fin de la première page, les informations inexactes se succèdent. Les deux hôtels annoncés n’ouvriront pas leurs portes cet été. C’est de la publicité gratuite pour la résidence Sami ! Impossible ensuite que la station dispose de 7 000 lits d’ici à la fin 2004 : elle en est à 3 900 lits depuis trois ans. Le Festival de raï, lui, a toujours été une catastrophe, les hôtels n’ayant jamais affiché une occupation supérieure à 10 % pendant cette manifestation. Nos amis les Algériens ne viendront jamais en Tunisie pour écouter du raï ! En revanche, le succès du festival de jazz est indéniable. Enfin, il y aurait lieu d’enseigner dans les grandes universités l’expérience commerciale fantastique découverte à Tabarka et annoncée sans précaution par Ridha Kéfi : « Pour 1 million de dinars investis, les retombées commerciales se sont élevées à 25 millions de dinars ! » Du jamais vu…
Réponse : Les informations reproduites dans mon papier ont été recueillies auprès de sources on ne peut plus autorisées : le département du Tourisme et la mairie de Tabarka, représentée par le maire lui-même, le Dr Jilani Daboussi, dont je cite d’ailleurs les propos entre guillemets.
Sans entrer dans les détails des points que vous soulevez, une relecture attentive de l’article en question suffira à dissiper votre colère contre son auteur.

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Un témoignage démagogique
Vous avez pris la peine de préciser que l’article de M. Zoubeïrou Maïga est forcément subjectif. Cette précaution ne vous exonère pas de votre responsabilité dans la publication de ces propos débiles. Sans évoquer en détail le contenu de ce témoignage, je le qualifierai simplement de démagogigue. En tant que Marocain ayant fréquenté des Noirs marocains et non marocains, je n’ai jamais été témoin d’aucun des faits cités.

Kérékou peut se reposer
Frères et soeurs béninois, de grâce, laissons notre cher président Mathieu Kérékou prendre sa retraite politique à la fin de son mandat. Cela dans l’honneur, dans la dignité et surtout avec une légitime fierté pour l’oeuvre accomplie.
Rassurons les poltrons qui croient que le départ de notre cher président Mathieu Kérékou du palais de la Marina plongerait le Bénin dans le vide politique ou dans le chaos. Ne paniquons pas pour le Bénin futur.

À quand la fin de l’excision ?
Le Dr Pierre Foldès « répare » les femmes excisées (J.A.I. n° 2257). Mais il me semble qu’au lieu de chercher à réparer cette barbarie d’un autre temps, il vaudrait mieux agir dans les pays où l’on continue à exciser. Ce serait un grand pas en avant pour l’humanité. À chacun et à chacune d’entre nous d’intervenir auprès des parents pour expliquer les souffrances terribles qu’engendrent cet acte et ses séquelles sur la vie des femmes. Depuis 1960, les femmes se battent contre l’excision. Il est temps que cette pratique cesse.

J.A.I. irresponsable et indigne
Je me demande si les propos présentés par votre magazine comme « un témoignage » de M. Zoubeïrou Maïga sur « le malentendu entre Marocains de souche et immigrés d’Afrique noire » relèvent du « devoir d’informer » ou de « la liberté d’écrire ». Que l’auteur ait vécu tout ou partie des faits relatés, soit, mais que votre journal prenne la responsabilité de publier des propos susceptibles de salir tout un peuple, dont une importante composante est justement d’origine africaine, est pour le moins irresponsable et indigne.
Je vous rappelle que le racisme est un phénomène mondial, qu’aucun peuple ou pays ne peut prétendre y échapper. Nous sommes loin d’être les champions en Afrique, et ce en raison notamment de notre propre histoire et de notre propre composition ethnique que l’auteur de l’article semble ignorer. Enfin, je voudrais signaler que le Maroc accueille depuis des dizaines d’années des milliers d’étudiants africains. Peut-être devriez-vous réaliser auprès d’eux un sondage sur le « racisme des Marocains ».

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« Olive » n’est pas une insulte
Je ne connaîtrai jamais cet « autre Maroc » que monsieur Maïga nous a présenté. Tout simplement parce que ce Maroc n’a jamais existé. Je suis marocain, et j’ai vécu dans plus de cinq villes différentes (Casablanca, Rabat, Agadir, Essaouira, Marrakech, Mohammedia…). Des gens « plus bronzés » que moi ou, si vous préférez, complètement « noirs », j’en ai vu des milliers, dont certains avec qui j’ai passé mon enfance, d’autres avec qui j’ai partagé les bancs de l’école ou d’autres qui, tout simplement, faisaient partie de ma famille. Au Maroc, on peut être âaroubli (« campagnard » comme mon père), chleuh (« Berbère » comme ma mère), fassi (« de la région de Fès » où les gens ont souvent une couleur de peau plus pâle), Chamali (« du Nord »), Sahraoui (« du Sahara » et donc souvent Noirs)… On peut aussi trouver des gens « plus au moins noirs », les drawi. Dans ma famille nous sommes sept, et trois d’entre nous sommes appelés drawi, lakhal (« noir »), zitouna (« olive ») ou aabd (« esclave »), car nous sommes plus foncés que les autres. Mais cela n’a jamais été une insulte ! Ce sont nos parents qui nous appellent comme ça. On ne les a jamais traités de racistes. Cela fait partie de notre culture.
Je ne reviendrai pas sur toutes les absurdités de votre article, mais je trouve que le fait d’avancer que les automobilistes poursuivaient les « Noirs » même sur les trottoirs pour les écraser est suffisant pour jeter votre « papier » à la poubelle !
Mohammed Jehouani

Ce n’est pas pire qu’en France
Je suis choqué par la manière dont vous décrivez le comportement des Marocains vis-à-vis des Africains subsahariens. Vous les peignez comme de véritables xénophobes, racistes et nationalistes. Or les Marocains sont très accueillants, et je les ai vus souvent offrir un verre à une terrasse de café, donner quelques sous ou payer un pain devant une boulangerie à l’un de ces jeunes candidats à l’exil. Les Marocains connaissent la pauvreté, car eux aussi sont pauvres et ils savent témoigner de la compassion et de la compréhension. Le mot k’hal n’a rien d’insultant, il veut simplement dire « noir ». Quant aux termes qird (« singe »), khanzir (« cochon »), zitouna (« olive »), choqlata (« chocolat »), les Marocains n’ont rien inventé. La proportion de personnes qui utiliseraient ce type d’expressions n’est certainement pas plus élevée ici au Maroc qu’en France ou en Belgique.

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Les Africains étaient bien en Normandie !
Je suis moi aussi indigné par l’absence d’Africains aux cérémonies du soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie. En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces qui ont contribué à la libération de la France ont été la Résistance intérieure, le commando Kieffer qui a effectivement débarqué le 6 juin 1944 à Ouistreham, le corps expéditionnaire français du général Juin et la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny, mais aussi la 2e DB du général Leclerc dont le premier contact avec le sol de France fut la Normandie. La 2e DB a débarqué à Utah-Beach le 1er août 1944 dans le sillage de la 1re Armée américaine du général Bradley et de la 3e Armée américaine du général Patton, pour s’élancer ensuite à la conquête des villes du Mans et d’Alençon, avant de participer à la libération de Paris, permettant ainsi au chef de la France libre de faire son entrée officielle dans la capitale française. La 2e DB était constituée du reliquat des combattants du Fezzan et d’éléments mixtes, de Marocains et de Français natifs pour la plupart du Maroc et, à un degré moindre, d’Algérie et de Tunisie. Sa mise sur pied, organisée de concert avec feu S.M. Mohammed V qui s’était solidarisé avec le monde libre en lutte contre le nazisme, a été réalisée en septembre 1943 dans la banlieue sud de Rabat .
Après une période d’intense préparation entre Témara et Skhirat pour les exercices tactiques et à el-Menzeh pour les campagnes de tir, la division fut transférée et regroupée en avril 1944 – soit deux mois environ avant le jour J – dans le sud de la Grande-Bretagne.
En conclusion, tout combattant de la 2e DB avait en toute légitimité sa place parmi les invités au soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie de juin 1944 ! Les Africains n’ont pas versé leur sang pour le monde libre uniquement en Corse, dans la vallée du Rhône, en Sicile, en Italie ou au-delà du Rhin… mais aussi en Normandie, au même titre que les GI’s, dont on célèbre la mémoire !

Des affirmations insultantes
Je suis stupéfait et indigné. Cela fait plus de soixante ans que je suis installé au Maroc et c’est bien la première fois que j’entends de telles assertions. La population marocaine est en grande partie noire ou métissée. Faut-il aussi rappeler qu’elle est profondément musulmane et qu’à ce titre elle honore la mémoire de Bilal, le premier esclave affranchi par le Prophète Mohammed. En revanche, la présence de plus en plus nombreuse de Subsahariens au Maroc, venus en général par l’Algérie, pour tenter l’impossible traversée vers l’Europe, doit poser des problèmes du côté d’Oujda. À Casablanca même, dans certains quartiers, le nombre de faux étudiants noirs qui s’y regroupent pose un sérieux problème de marginalisation d’une population sans ressources et vouée à la mendicité.
Votre journal devrait se renseigner avant d’accepter des affirmations fort insultantes pour le peuple marocain dont l’hospitalité est très largement reconnue dans le monde.

BB n’aime que les animaux
J’ai appris avec étonnement que Brigitte Bardot, fervente défenseur des animaux, a été condamnée par la justice française pour propos racistes à l’endroit des musulmans dans son dernier livre. Je ne comprends pas que cette grande dame aimant des animaux de toutes les races puisse avoir de l’aversion pour certaines races humaines ou leurs us et coutumes. Comme les animaux qui lui sont si chers, les humains sont différents les uns des autres.

Je suis blessé
C’est avec peine que j’ai lu votre témoignage sur le racisme anti-Noirs au Maroc. Étant africain avant d’être marocain et arabe, je suis blessé et indigné à la lecture de cet article. Hassan II disait que le Maroc était comme un arbre, ses racines en Afrique et ses feuilles au vent vers l’Europe. De cette métaphore, je retiens surtout que nous avons un destin commun avec nos frères africains.

Merci pour ce pavé dans la mare !
L’article de Zoubeïrou Maïga m’a frappé par la véracité de ses propos. En effet, mes compatriotes marocains ont une connaissance très limitée des peuples subsahariens, ce qui les pousse à se comporter, du moins pour quelques-uns d’entre eux, de façon raciste. La culture marocaine est pourtant fortement influencée par les cultures africaines noires, et nous pouvons aujourd’hui trouver une réelle richesse à nous connaître davantage, en nous respectant, loin des a priori et des idées reçues.
Encore merci pour ce « pavé dans la mare ». L’émancipation du citoyen marocain passe aussi par !

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