Un effort permanent

Les autorités ont choisi de miser sur la recherche scientifique. Mais les entreprises privées tardent à suivre leur exemple.

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

L’effectif des chercheurs et assimilés a presque doublé en six ans. Il était de 11 265 en 2003 au lieu de 6 563 en 1998. En proportion de son Produit intérieur brut (PIB), le secteur public tunisien dépense plus que la moyenne des pays de l’Union européenne (UE) pour la recherche-développement (R&D). En 2002, ces dépenses ne représentaient que 0,62 % du PIB tunisien au lieu de 0,66 % pour l’Union européenne. Mais en 2003 elles sont passées à 0,75 %, et en 2004 elles doivent atteindre 1 %. C’est mieux que les derniers taux connus pour 2002 en Espagne (0,97 %), au Portugal (0,76 %), en Grèce (0,67 %), et presque autant qu’en Italie.
Pour le secteur privé, en revanche, la Tunisie est encore loin du compte ! Les entreprises de l’UE ont consacré l’équivalent de 1,19 % de leur PIB à la R&D (2002), tandis qu’en Tunisie les sociétés n’y ont consacré que 0,05 %. En fait, la plupart des entreprises tunisiennes n’ont pas la taille suffisante leur permettant d’investir dans ces activités.
La recherche scientifique est donc essentiellement financée par l’État, celui-ci ayant décidé qu’elle doit être « ciblée selon les priorités de l’économie et les attentes de la société ». L’accent est surtout mis sur l’innovation technologique. « Nous favorisons la recherche appliquée », précise Sadok Chaabane, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La stratégie consiste à injecter des moyens à tous les niveaux du système universitaire avec ses 150 institutions, dans toutes les filières (plus de 900) et pour tous les secteurs d’activité.
Selon le tableau de bord de l’innovation technologique publié en 2002 par l’organisme statistique européen Eurostat, le taux moyen des diplômés en sciences et ingénierie de la tranche d’âge 20-29 ans est de 10,4 ä habitants au sein de l’Union européenne. Il est de 8,1 ä habitants aux États-Unis, et de 11,2 ä au Japon. S’il n’est que de 5,7 ä habitants en Tunisie, les pouvoirs publics prévoient d’atteindre 13 ä habitants en 2010.
La recherche scientifique a été organisée d’une manière horizontale, chaque ministère, comme ceux de l’Agriculture, de l’Industrie, ou des Communications, ayant la tutelle de sa spécialité. Le nombre de laboratoires a progressé de 98 en 2001 à 140 en 2004 et devrait atteindre 170 en 2006. Et celui des unités de recherche est passé de 328 en 2001 à 594 en 2004, et devrait atteindre 842 en 2006. Afin de protéger les innovations et de justifier les financements consentis, le gouvernement s’efforce d’inculquer aux scientifiques nationaux une « culture du brevet ».
Les chercheurs tunisiens s’ouvrent également vers l’extérieur, notamment à travers la collaboration avec les équipes et les grands centres de recherche européens. « Nous avons signé avec l’UE un Accord spécifique de coopération scientifique et technologique en 2003 », souligne Sadok Chaabane. Cet accord permet aux chercheurs tunisiens de devenir partenaires d’équipes de recherche européennes ; ils peuvent participer à des appels d’offres dans le cadre des programmes communautaires de R&D dont le budget pour 2002-2006 s’élève à 17,5 milliards d’euros, dont 600 millions d’euros dédiés spécifiquement aux projets de coopération. Ils peuvent aussi négocier des contrats de financement de projets de recherche, ou s’y associer avec des chercheurs européens. Les États-Unis ont récemment proposé à la Tunisie de signer un accord similaire.

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