Chawki Tabib : « Le coût de la corruption en Tunisie est estimé à 54 % du PIB »

En Tunisie, les opérations contre la corruption se multiplient. Mais peuvent-elles pour autant marquer un tournant dans la lutte contre ce fléau ? Éléments de réponse avec Chawki Tabib, président de l’Instance nationale chargée de ce secteur.

Chawki Tabib, président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption en Tunisie. © Capture d’écran Youtube / Leaders Tunisie

Chawki Tabib, président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption en Tunisie. © Capture d’écran Youtube / Leaders Tunisie

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Publié le 25 septembre 2018 Lecture : 5 minutes.

Chawki Tabib, premier responsable de l’Instance nationale de lutte contre la corruption depuis janvier 2016, devrait passer le témoin en novembre à une Instance de bonne gouvernance et de lutte contre corruption. Il dresse pour Jeune Afrique le bilan des efforts réalisés sous son mandat, avec 12 000 dossiers « dépoussiérés » (dont 96 ont été transmis à la justice en 2016, et 246 en 2017) par une équipe passée de 16 à 142 fonctionnaires (de 4 à 40 enquêteurs), pour un budget porté à 5,11 millions de dinars (1,57 million d’euros) en 2018.

Malgré ces progrès, le chef de la lutte anti-corruption exprime ses craintes. Non candidat à sa propre succession, il appelle notamment à plus d’indépendance du nouvel organe, considérant le cadre qui l’organise contraire « à la lettre et l’esprit » de la Constitution.

Jeune Afrique : Vous avez déclaré que la démocratie est menacée en Tunisie, et qu’un retour à la case départ restait envisageable. La corruption fait-elle partie des pratiques qui résistent aux réformes ?

Chawki Tabib : Ma crainte repose sur un constat hélas amer : les lobbys de la corruption ayant profité de la faiblesse de l’État et de l’instabilité politique se sont encore renforcés, alors qu’ils auraient dû au contraire reculer.

>>> À LIRE – Tunisie : la lutte anticorruption stagne

Une démocratie naissante comme la nôtre est à ce stade encore trop fragile. Elle peut de nouveau vaciller. Les connexions entre l’argent sale, l’administration profonde, les officines parallèles qui se nichent dans les articulations de l’État, ainsi que de pseudo-médias, font que la menace d’un retour en arrière n’est pas exclue.

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Une démocratie ne peut pas survivre dans un système où la corruption risque de métastaser. Mais nous pouvons toujours y remédier en attaquant les causes profondes, c’est-à-dire un système corrompu, voire mafieux.

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