Solidarité « Nord-Sud »

Les chercheurs tunisiens expatriés en Europe ou en Amérique du Nord font bénéficier le pays de leurs connaissances et de leur expérience. Une manière d’accélérer les transferts de technologies…

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

On la surnomme « le Chercheur de têtes ». Lilia Kachroud-Gaaloul en a au moins le profil : docteur en marketing, elle est à la tête de la « cellule de liaison avec les compétences tunisiennes à l’étranger ». Reliée directement au ministère de de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ce département n’a pas pour mission d’inciter les chercheurs tunisiens expatriés à rentrer définitivement au pays. Mais de les inviter à venir partager ponctuellement leur savoir avec les étudiants et scientifiques opérant dans les structures du pays.
« Ma mission, explique Kachroud-Gaaloul, est de les mettre en relation avec les universités tunisiennes et les centres de recherche pour que, pendant de courtes durées, ils puissent assurer un enseignement en tant que professeurs-visiteurs, ou qu’ils encadrent des travaux de recherche, ou favorisent des opportunités de stages à l’étranger au profit d’étudiants et de chercheurs tunisiens. »
Combien sont-ils ? Quelque 500 experts de haut niveau répertoriés avec l’aide des ambassades et des missions universitaires en Europe et en Amérique du Nord. L’an dernier, ils étaient 90 à venir, parfois à plusieurs reprises, pour animer des cours ou des séminaires, et surtout pour co-encadrer de jeunes chercheurs. Ils fixent eux-mêmes leurs dates, concentrent leurs cours comme ils l’entendent, et sont rémunérés comme leurs collègues tunisiens, billet d’avion compris. « Ce n’est pas la quantité qui nous intéresse, explique encore Kachroud-Gaaloul, mais la qualité. Surtout dans les spécialités nouvelles et les métiers innovants, où nous avons des goulets d’étranglement. Ces professeurs-visiteurs sont spécialisés dans la gestion, les télécommunications, l’informatique et les nouvelles technologies de l’information, mais aussi en nanotechnologie, en géomathique, biotechnologie et en télédétection. » Ils viennent de bon coeur pour transmettre leurs connaissances. Et puis des retrouvailles familiales, même brèves, c’est toujours agréable. Plusieurs d’entre eux sont membres d’associations de scientifiques tunisiens à l’étranger, comme l’Association des chercheurs et enseignants tunisiens en France (Acetif), animée par Salem Chouaieb, ou le Cercle scientifique international de Tunisie basé en France.
Plusieurs scientifiques s’engagent dans la mise en place d’un programme de coopération entre leurs universités ou leurs centres de recherche à l’étranger et leurs homologues tunisiens. C’est le cas de Ferid Rachdi, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France. Physicien et spécialiste en résonance magnétique nucléaire (RMN), il est chargé de mission de coopération entre le site de Montpellier (où sont concentrés nombre d’universités et de centres de recherche de la région du Languedoc-Roussillon) et les pays méditerranéens, particulièrement du Maghreb. « En 2002, j’ai passé une année sabbatique en Tunisie où j’ai créé un laboratoire de RMN du solide à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax. C’est le premier laboratoire dans ce domaine en Afrique, explique Ferid Rachdi. Il permet à mes collègues tunisiens d’accéder à une analyse fine de la structure des matériaux. » Ferid Rachdi a, par la suite, organisé des missions de coopération avec les universités tunisiennes qui ont permis à plusieurs responsables français de se rendre compte, dit-il, « des grandes potentialités et des avancées de la Tunisie dans les domaines scientifique, technique et culturel ». Au début du mois de juin, il a, avec Jean-Paul Fernandez, directeur du Pôle universitaire européen de Montpellier et du Languedoc-Roussillon, conduit trois délégations françaises en Tunisie. La première était composée de spécialistes de l’information scientifique. La deuxième, constituée de pharmaciens, a décidé avec les dirigeants de l’Université du centre Ahmed-Helel ainsi que leurs collègues de la faculté de pharmacie d’engager des échanges d’enseignants, de résidents hospitaliers et de « thésards ». La troisième délégation, des spécialistes dans le domaine de l’eau et de l’environnement, est convenue, avec l’Université du Sud, d’organiser un colloque sur ces thèmes en novembre 2004 à Sfax.

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