Saddam censuré

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

« Au nom de Dieu, le Clément et le Miséricordieux […] À ma petite famille et à ma grande famille […] Grâce à Dieu, mon moral est au firmament […] Mes salutations à tout le monde […] », a écrit l’ancien président irakien Saddam Hussein dans une lettre transmise à sa fille aînée Raghd par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). La missive, qui ne porte aucune indication de date ou de lieu, a été amputée de neuf lignes (sur quatorze), noircies par les autorités de la coalition. « On ne peut lire que dix-sept mots [en arabe], ce n’est pas assez pour très bien comprendre ce qu’il a écrit », a déploré Me Mohamed el-Rachdane, président du collectif de défense de Saddam Hussein, formé d’une vingtaine d’avocats.
Selon Nada Doumani, porte-parole du CICR, trois autres lettres de l’ex-dictateur ont été remises par l’organisation humanitaire aux autorités de la coalition pour inspection et censure, conformément à la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre, mais elles n’ont pas encore été remises à leurs destinataires. Le CICR a rendu visite à Saddam Hussein à trois reprises depuis son arrestation en décembre dernier, a affirmé Nada Doumani, précisant que celui-ci est détenu en Irak.
En réponse aux allégations de Rachdane, selon lesquelles l’ancien président avait été « maltraité comme les détenus à la prison d’Abou Ghraib », le général Mark Kimmitt, un des principaux responsables militaires américains en Irak, a affirmé, le 24 juin, que ce dernier était traité « avec dignité et respect par les forces de la coalition et continuera de l’être ». Pour un homme « responsable de la mort de milliers de ses compatriotes pendant ses années de pouvoir », un tel traitement est « ironique », a ajouté le général.
Par ailleurs, des responsables républicains continuent de presser le président Bush pour qu’il fasse en sorte que Saddam soit jugé rapidement. « Après le scandale des mauvais traitements infligés par les soldats américains aux détenus irakiens, la mise en lumière des exécutions et tortures perpétrées sous le règne de Saddam permettra, estiment-ils, de rétablir la confiance de l’opinion publique américaine dans le bien-fondé de l’invasion irakienne. »
À la Maison Blanche, on voudrait assurer le transfert de souveraineté aux Irakiens avant de remettre Saddam à la justice de son pays. Ainsi, après le 30 juin, le gouvernement intérimaire irakien aura la « garde légale » de l’ancien président. Mais ce dernier ne lui sera pas remis « physiquement » tant que les nouvelles autorités du pays ne seront pas en mesure d’assurer sa sécurité dans un centre de détention adéquat.

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