Révolutionnaire !

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

J’ai moi-même souvent écrit dans ces colonnes qu’il y avait de quoi désespérer de notre continent et de certains de ses us et coutumes pour passer sous silence ma satisfaction lorsque j’ai appris la nouvelle. À l’unanimité, les députés béninois viennent de déclarer la polygamie hors la loi. Révolutionnaire ! Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette décision. Désormais, seul le mariage monogamique célébré devant le maire produira des effets légaux. « Après le décès de l’époux polygame, seule la femme reconnue par l’officier d’état civil pourra jouir de tous les droits liés à la disparition de son mari », souligne le nouveau Code de la famille, qui n’abolit certes pas, à proprement parler, la polygamie, mais annonce sa mort prochaine. Il faut s’en féliciter, surtout dans un pays arc-bouté sur des traditions d’un autre âge comme le Bénin. Et il faut en encourager d’autres à emprunter la même voie, à faire reculer nos propres tares, bref à entamer au plus vite une réforme en profondeur de nos sociétés.

Le même Code de la famille autorise dorénavant la femme mariée à conserver son nom de jeune fille, auquel elle adjoindra celui de son époux. Jusque-là, à de rares exceptions près, elle était obligée de prendre le patronyme de son mari, ce qui lui imposait parfois des restrictions dans la vie courante et lors de certaines démarches administratives. Les députés en ont profité pour abolir le lévirat, pratique médiévale largement répandue dans certains pays africains qui permet « d’offrir » les veuves à l’un des frères du mari défunt. Sans, bien entendu, qu’elles aient leur mot à dire.

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Transmis au Parlement il y a une dizaine d’années, le projet de Code de la famille avait été prudemment rangé au fond d’un tiroir, le texte ayant été jugé trop subversif par une représentation parlementaire, elle-même pépinière de polygames, qui craignait les réactions en chaîne des électeurs. Pour déterrer le dossier, il a donc fallu vaincre les atavismes des uns, les réticences des autres et s’en remettre à la clairvoyance de la Cour constitutionnelle, une juridiction indépendante qui, par le passé, n’a pas hésité à annuler l’élection au Parlement de l’épouse d’un chef d’État en fonction et invalidé la prestation de serment d’un autre président de la République, sommé de revoir sa copie. Cette fois-ci, la Cour a indiqué la voie du progrès, tracé les chemins de la liberté. Dénonçant les mauvais traitements réservés aux femmes, elle a conclu, dans une récente décision, que « les coutumes cessent d’avoir force de loi en toutes matières régies par le présent Code de la famille ». Bravo !

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