Placebos : mythes et réalités

Des substances supposées inactives prescrites à des malades peuvent-elles avoir des effets, bons ou mauvais ?

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Deux histoires d’abord. La première est africaine. Le médecin responsable d’une vaste région rurale, seul dans le secret, fournit aux équipes médicales mobiles des potions colorées à dose infinitésimale (afin de conserver les crédits disponibles pour les maladies graves, objets des dépistages : maladie du sommeil, etc.). Bientôt il reçoit une réclamation des médecins des hôpitaux de la région, réclamant, pour eux aussi, la fameuse potion bleue qui fait concevoir les femmes stériles. Hasard ?
Plus étonnant. Le Dr S. Wolf soigne depuis longtemps un malade atteint d’asthme. Ayant eu connaissance d’études concernant un nouveau médicament, il demande des échantillons à la firme pharmaceutique et les prescrit au malade. Pour la première fois depuis dix-sept ans, les crises d’asthme cessent. Prudent, le Dr Wolf demande au laboratoire des placebos de même présentation et alterne médicament et placebo : les crises ne cessent qu’avec le médicament. Enthousiaste, le médecin téléphone les résultats au laboratoire et apprend que, depuis le début, on ne lui a fourni que des placebos ! Conditionnement du médecin et du malade ?

Dans les grands essais comparant un nouveau médicament à un placebo, ce dernier à des effets favorables dans 5 % à 40 % des cas ! Ces études montrent aussi que les placebos peuvent produire des réactions allergiques et des troubles divers (vomissements, vertiges, etc.). Et même une dépendance peut s’installer avec malaise de sevrage si on l’arrête. Des médecins scandinaves ont montré que le placebo pouvait activer certaines zones du cerveau. On l’a constaté encore récemment dans la maladie de Parkinson.
On n’a pas pu définir le type de personnalité sensible à un traitement par placebo. Personnalité dépendante ? Hystérique ? Crédule ? Il s’agit en réalité de personnalités variées.
Quelquefois, c’est le médecin lui-même qui est le placebo, lorsqu’il établit une relation très confiante avec le consultant. Il peut convaincre le « malade » qu’il n’a pas besoin de médicaments. « Plus la consultation est longue, plus l’ordonnance est courte. »

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Dans certains cas, l’emploi du placebo peut être dangereux, voire criminel, lorsqu’il est prescrit à la place d’un traitement éprouvé pour une maladie déterminée (méningite, pneumonie, etc.). Un médecin osait traiter des tuberculoses sans antibiotiques. Entre placebo et charlatanisme, la marge est parfois étroite.
Lourdes est-elle un placebo ? Ou la prière a-t-elle une action ? On a rapporté en 2001 l’histoire de femmes coréennes traitées par fécondation in vitro. Des personnes résidant sur d’autres continents priaient pour elles, ne les connaissant que par des photos. Ni les unes ni les autres ne savaient qu’elles participaient à une étude contrôlée. Résultat : deux fois plus de grossesses chez les femmes bénéficiant des prières. Hasard ?
Aucune conclusion définitive n’est possible concernant l’effet placebo. Cependant, face à une maladie dont le diagnostic est assuré, mieux vaut utiliser un médicament sûr et connu.

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