Malawi : l’épreuve de l’indépendance

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 1 minute.

Quand le Dr Hastings Kamuzu Banda débarqua dans son Nyassaland natal le 6 juillet 1958 après quarante ans d’exil, ses premiers mots furent : « Je viens ici pour jeter un pont entre les races. » Dans quelques jours, exactement le 6 juillet 1964, la solidité de ce « pont » sera mise à l’épreuve. Ce jour-là en effet le Nyassaland deviendra l’État indépendant du Malawi, reprenant le nom d’un vieil empire du Sud qui fut florissant au XVle siècle.
En seize mois de gouvernement, le Dr Banda a donné le suffrage universel à son peuple, il a fait respecter les sang-mêlé. Il a coutume d’appeler son parti unique une « dictature consentie » ou encore un « despotisme bienveillant ». […]
« Mon pays n’est pas pauvre, dit-il avec quelque raison, il a seulement été négligé. » Ce n’est que trop vrai. Jamais les Anglais ne se donnèrent un très grand mal pour développer le Nyassaland : quand le Dr Banda prit la tête du pays, la « métropole » n’avait promu en soixante-douze ans de protectorat que soixante-treize diplômés. Six ans après, le Malawi projette de faire bénéficier quarante mille de ses citoyens d’études secondaires d’ici à quinze ans. Le nouvel État constituera une république qui restera au sein du Commonwealth.
Quel sera l’avenir de ce petit pays (120 000 km2, 3 millions d’habitants) ? Il a quelques réserves minérales, dont de l’or et de la bauxite. Mais ces gisements existent en quantités infimes et ils sont dispersés. Le gouvernement a préféré insister sur le développement agricole : thé, coton, sucre, café. Ces industries seront alimentées par la production électrique des chutes de Nkula. Le tourisme enfin sera un jour une industrie importante.
Mais, pour exporter ses produits, le Malawi ne dispose que des ports « portugais » de l’Afrique orientale. Véritable enclave entre la Rhodésie du Nord, le Tanganyika et le Mozambique, ce pays devra réaliser des acrobaties diplomatiques, mais le Dr Banda n’a-t-il pas dit à son peuple pour moins le décevoir : « Les dix prochaines années seront les pires que vous ayez connues » ?

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