L’or noir
Sachons-le, le pétrole coûtera de plus en plus cher tant qu’il n’aura pas été remplacé, partiellement ou complètement, dans son rôle de source d’énergie principale de la planète, par l’hydrogène.
Les pays qui en produisent et en exportent s’enrichiront davantage et, à l’inverse, ceux qui importent tout ou partie de leur consommation devront y consacrer de plus en plus d’argent. Les plus pauvres souffriront beaucoup.
Comme vous avez pu le lire dans ces colonnes, un nombre croissant de pays africains – subsahariens – vont devenir producteurs et exportateurs de cet « or noir ». C’est donc le moment de se poser la question : être ou devenir producteur-exportateur du pétrole est-ce, pour un pays, une bénédiction ou une malédiction ?
Lorsque le pays est désertique, comme la Libye ou l’Arabie ou la Mauritanie, ou lorsqu’il est gravement handicapé par l’enclavement, comme le Tchad ou le Mali ou le Niger, s’il ne dispose pas, dans son sous-sol, d’une ressource aussi recherchée (et rentable) que le pétrole, il est condamné à la pauvreté perpétuelle. Rien de pire.
Dans le cas de ces pays, le pétrole est, en dépit des maux qu’il charrie, une bénédiction : il enrichit l’État et ses fournisseurs, surtout étrangers, profite à une mince couche privilégiée. Des miettes parviennent à la population, et le pays peut se doter d’infrastructures dignes de ce nom.
Mais lorsqu’un pays comme le Venezuela ou le Nigeria, ou même l’Algérie, accède au statut d’exportateur de pétrole alors qu’il a déjà une agriculture et un début d’industrie, l’exploitation du pétrole tourne à la malédiction, sauf s’il est très évolué, comme la Grande-Bretagne ou la Norvège. L’agriculture périclite, l’industrie stagne ou recule, les inégalités s’aggravent, la corruption métastase.
Et les putschs se succèdent pour chasser (et remplacer) ceux qui sont parvenus à s’emparer de cette source d’enrichissement rapide qu’est l’État.
Et le Mexique ? Et l’Indonésie ? me dira-t-on. Ces deux très grands pays sont exportateurs de pétrole et fonctionnent bien néanmoins ; le pétrole semble plutôt y constituer un facteur favorable au développement.
C’est exact et cela s’explique par une thèse personnelle que je vous soumets, car elle me paraît répondre à la question posée ci-dessus : le pétrole est-il, pour le pays qui l’exporte, une bénédiction ou une malédiction ?
Si le pétrole exporté par un pays est de l’ordre de une tonne par an et par habitant, cette richesse ne domine pas l’économie, ne la disloque pas, n’introduit pas de déséquilibre grave. Au contraire, cela « met du beurre dans les épinards ».
Outre le Mexique et l’Indonésie, la Tunisie, l’Égypte et quelques autres pays sont dans cette situation.
En revanche, si le niveau de cette exportation est sensiblement supérieur, s’il se situe à cinq ou dix tonnes/habitant, voire plus, comme c’est le cas des pays ou émirats peu peuplés, le pétrole devient une malédiction et mérite son nom d’or noir.
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